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The Thief of Bagdad
(Le Voleur de Bagdad)
de Michael Powell, Ludwig Berger et Tim Whelan
(1940)
Le magicien Jaffar est de
retour à Bassora. Sur le port, il voit Ahmad, un mendiant aveugle qu’il fait
venir au palais. Là, Ahmad raconte son histoire.
Il était
calife de Bagdad, peu populaire car son vizir, le même Jaffar, le maintenait à
l’écart de son peuple. Et c’est toujours Jaffar qui le trahit, le fait jeter en
prison et condamner à mort.
Ahmad
sauve sa vie en s’échappant grâce au jeune voleur Abu. Ils fuient tous deux à
Bassora et c’est là qu’Ahmad voit pour la première fois la fille du calife de
Bassora dont il tombe amoureux. Mais Jaffar, qui convoite la princesse, le fait
chasser et le rend aveugle, alors qu’il transforme Abu en chien.
A présent,
si Jaffar a besoin d’Ahmad, c’est que la princesse, qui aime Ahmad et ne sait
pas ce qu’il est devenu, tente d’oublier son malheur dans un sommeil
léthargique.
Jaffar lui propose un
marché : Ahmad recouvrera la vue et Abu son apparence humaine dés que
Jaffar pourra étreindre la princesse. Celle-ci accepte, la mort dans l’âme.
Dans un conte de fées, on
assiste à des prodiges et Le Voleur de Bagdad est un conte de fées, un
conte des mille et une nuits dans lequel le premier prodige est le retour en
enfance du spectateur.
Car le film
de Korda, producteur démiurge mais non omnipotent (au contraire de David
Selznick, par exemple), n’est pas seulement un conte de fées, il est magique.
Bien que le
titre fasse référence aux Contes des
mille et une nuits, le scénario de Lajos Biro lui tourne le dos
contrairement à celui que Lotte Woods et Douglas Fairbanks écrivirent pour
Raoul Walsh qui se référait directement au célébrissime recueil de contes
oriental.
Le voleur
n’est plus Ahmad puisque celui-ci est tout simplement calife de Bagdad, détrôné
par le perfide Jaffar. De fait, le personnage d’Abu est entièrement inventé et
permet à Korda, quatre ans après Elephant Boy de Flaherty, de faire
tourner Sabu dont il fera le Mowgli de son Livre de la Jungle, deux ans
plus tard.
Pour une
fois, le couple-vedette semble un peu moins niais que d’habitude : mais il
est évident qu’ils ne sont là que pour servir la soupe au jeune Sabu et à
l’inquiétant et superbe Conrad Veidt, le félon Jaffar.
A ces deux
superbes stars, vient se rajouter une troisième, le somptueux technicolor de
Natalie Kalmus qui fait d’une agréable fantaisie orientale, un chatoyant livre
d’images.
Le public de
l’époque ne s’y est pas trompé qui fit un triomphe aux aventures d’Ahmad et
d’Abu et le film obtint trois oscars.
Les beaux
souvenirs d’enfance (surtout cinématographiques) deviennent souvent des
déceptions d’adultes. Quelquefois - rarement ! -, ils ne se trahissent
pas.
Comme ici !