mardi 29 novembre 2022

Box of Moonlight

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Box of Moonlight (1997) de Tom Di Cillo

Al Fountain est un homme sérieux : il est ingénieur électricien et dirige les travaux d’une usine de construction. Il appelle sa femme tous les soirs à neuf heures précises et surveille les études de son fils à distance. Il surveille aussi le comportement de ses ouvriers.

Malheureusement, il voudrait aussi être sympathique et c’est là que le bât blesse, car il est surtout un casse-pied psychorigide.

Lorsque l’entreprise d’Al abandonne le chantier plus tôt que prévu, celui-ci décide de ne pas rentrer tout de suite chez lui et de se payer une virée sur le bord d’un lac où il avait passé des vacances étant enfant. Mais l’endroit est totalement abandonné et sinistre. Sur la route du retour, il rencontre accidentellement « Kid », une sorte de hippie déjanté qui va lui faire voir la vie autrement.

Après le très original un tantinet déjanté Ça tourne à Manhattan, puis le plus classique Une vraie blonde, Tom Di Cillo semble avoir abandonner toute velléité de folie avec ce très convenu Box of Moonlight sur le sujet ultra-rebattu du conformiste psychorigide dessalé par un hippie anarchisant.

C’est joli, propret, bien fait et surtout bien joué par John Turturo et Sam Rockwell. Sans plus.

Le Voleur de Bagdad

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The Thief of Bagdad (Le Voleur de Bagdad)

de Michael Powell, Ludwig Berger et Tim Whelan (1940)

Le magicien Jaffar est de retour à Bassora. Sur le port, il voit Ahmad, un mendiant aveugle qu’il fait venir au palais. Là, Ahmad raconte son histoire.

Il était calife de Bagdad, peu populaire car son vizir, le même Jaffar, le maintenait à l’écart de son peuple. Et c’est toujours Jaffar qui le trahit, le fait jeter en prison et condamner à mort.

Ahmad sauve sa vie en s’échappant grâce au jeune voleur Abu. Ils fuient tous deux à Bassora et c’est là qu’Ahmad voit pour la première fois la fille du calife de Bassora dont il tombe amoureux. Mais Jaffar, qui convoite la princesse, le fait chasser et le rend aveugle, alors qu’il transforme Abu en chien.

A présent, si Jaffar a besoin d’Ahmad, c’est que la princesse, qui aime Ahmad et ne sait pas ce qu’il est devenu, tente d’oublier son malheur dans un sommeil léthargique.

Jaffar lui propose un marché : Ahmad recouvrera la vue et Abu son apparence humaine dés que Jaffar pourra étreindre la princesse. Celle-ci accepte, la mort dans l’âme.

Dans un conte de fées, on assiste à des prodiges et Le Voleur de Bagdad est un conte de fées, un conte des mille et une nuits dans lequel le premier prodige est le retour en enfance du spectateur.

Car le film de Korda, producteur démiurge mais non omnipotent (au contraire de David Selznick, par exemple), n’est pas seulement un conte de fées, il est magique.

Bien que le titre fasse référence aux Contes des mille et une nuits, le scénario de Lajos Biro lui tourne le dos contrairement à celui que Lotte Woods et Douglas Fairbanks écrivirent pour Raoul Walsh qui se référait directement au célébrissime recueil de contes oriental.

Le voleur n’est plus Ahmad puisque celui-ci est tout simplement calife de Bagdad, détrôné par le perfide Jaffar. De fait, le personnage d’Abu est entièrement inventé et permet à Korda, quatre ans après Elephant Boy de Flaherty, de faire tourner Sabu dont il fera le Mowgli de son Livre de la Jungle, deux ans plus tard.

Pour une fois, le couple-vedette semble un peu moins niais que d’habitude : mais il est évident qu’ils ne sont là que pour servir la soupe au jeune Sabu et à l’inquiétant et superbe Conrad Veidt, le félon Jaffar.

A ces deux superbes stars, vient se rajouter une troisième, le somptueux technicolor de Natalie Kalmus qui fait d’une agréable fantaisie orientale, un chatoyant livre d’images.

Le public de l’époque ne s’y est pas trompé qui fit un triomphe aux aventures d’Ahmad et d’Abu et le film obtint trois oscars.

Les beaux souvenirs d’enfance (surtout cinématographiques) deviennent souvent des déceptions d’adultes. Quelquefois - rarement ! -, ils ne se trahissent pas.

Comme ici !