samedi 5 septembre 2020

Ça tourne à Manhattan


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Living in Oblivion (Ça tourne à Manhattan) de Tom Di Cillo (1994)

La journée commence : il est cinq heures du matin. Nick tourne. La scène est intitulée  Ellen discute avec maman ; c’est ce qui est inscrit sur feuille de service et sur le script. On commence à tourner : c’est un plan « difficile », un plan-séquence très long. Naturellement, de chute de micro en oubli de texte, la scène ne se fait pas, le ton monte, l’hystérie aussi… Et le réalisateur finit par péter les plombs, insulter tout le monde et… se réveiller.

Après cet affreux cauchemar, Nick se lève et va chercher sa star masculine, genre chouchou vénéré par tous qui porte le nom ridicule de Chad Palomino. Le bonhomme, lui, n’est pas seulement ridicule, c’est surtout un mauvais comédien capricieux.
Dans un certain dictionnaire de cinéma qui fait autorité, ce petit bijou est qualifié d’anti-Nuit américaine. De la part de ce puits d’incompétence prétentieuse et d’inculture satisfaite, c’est la marque évidente d’un mépris certain.
En effet, la cinéphilie boy-scout niaiseuse autour de François Truffaut est, comme tous les produits du sus-nommé, intouchable dans notre beau pays.
Or, le film de Di Cillo est incisif, assez méchant et redoutablement intelligent.
De la mégalomanie galopante du réalisateur super-dépassé à la suffisance hypocrite de la « star masculine », en passant par le perchman qui a un scénario à caser, sans parler du mépris général pour les « Low Budget Films », tout y est, jusqu’aux cauchemars engendrés par le tournage.
Le film est construit sur trois séquences de tournage qui se font plus ou moins bien. En plus des qualités précitées, c’est constamment drôle sans jamais céder à la roublardise ou à l’à-peu près.
L’interprétation est d’une justesse trop rare, qu’on ne trouve, d’ailleurs, que dans certaines productions fauchées.
Comme quoi l’argent ne fait pas forcément tout !

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