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Living in Oblivion (Ça
tourne à Manhattan) de Tom Di Cillo (1994)
La journée commence :
il est cinq heures du matin. Nick tourne. La scène est intitulée Ellen
discute avec maman ; c’est ce qui est inscrit sur feuille de service et sur
le script. On commence à tourner : c’est un plan « difficile »,
un plan-séquence très long. Naturellement, de chute de micro en oubli de texte,
la scène ne se fait pas, le ton monte, l’hystérie aussi… Et le réalisateur
finit par péter les plombs, insulter tout le monde et… se réveiller.
Après cet affreux cauchemar,
Nick se lève et va chercher sa star masculine, genre chouchou vénéré par tous
qui porte le nom ridicule de Chad Palomino. Le bonhomme, lui, n’est pas
seulement ridicule, c’est surtout un mauvais comédien capricieux.
Dans un certain dictionnaire de cinéma qui fait autorité, ce petit bijou
est qualifié d’anti-Nuit américaine. De la part de ce puits
d’incompétence prétentieuse et d’inculture satisfaite, c’est la marque évidente
d’un mépris certain.
En effet, la
cinéphilie boy-scout niaiseuse autour de François Truffaut est, comme tous les
produits du sus-nommé, intouchable dans notre beau pays.
Or, le film
de Di Cillo est incisif, assez méchant et redoutablement intelligent.
De
la mégalomanie galopante du réalisateur super-dépassé à la suffisance hypocrite
de la « star masculine », en passant par le perchman qui a un
scénario à caser, sans parler du mépris général pour les « Low Budget
Films », tout y est, jusqu’aux cauchemars engendrés par le tournage.
Le film est construit sur trois séquences de tournage
qui se font plus ou moins bien. En plus des qualités précitées, c’est
constamment drôle sans jamais céder à la roublardise ou à l’à-peu près.
L’interprétation
est d’une justesse trop rare, qu’on ne trouve, d’ailleurs, que dans certaines
productions fauchées.
Comme
quoi l’argent ne fait pas forcément tout !
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