samedi 12 septembre 2020

Pour Sama


For Sama (Pour Sama) de Waad Al-Kateab et Edward Watts (2019)
La guerre civile a éclaté en Syrie en 2011.
Waad al-Kateab vit à Alep. Elle est journaliste. Dès le début du conflit, elle décide de filmer sa vie quotidienne sous les bombes, sa rencontre et son mariage avec Hamza, un médecin qui vit au rythme des nombreux blessés (et morts) dûs aux bombardements.
Waad poste ses vidéos sur Youtube, mais elle veut tout regrouper sous la forme d’une lettre qu’elle « filme » (comme on écrit) à sa fille Sama, née, elle aussi, sous les bombes.
Cette sale guerre (mais en existe-t-il des propres ?) a éclaté il y a huit ans maintenant. On sait toutes les tractations graveleuses dont la Syrie est l’objet, des tractations avec, entre autres, son immonde dirigeant, le dictateur Bachar El Hassad, digne fils de son tout aussi immonde papa, Hafez, sale type également, même s’il l’était avec plus de panache.
Ce criminel contre l’humanité est chiite pour une population majoritairement sunnite. Ça lui vaut le soutien de Téhéran, donc de Moscou. D’ailleurs, tous les bombardements sont attribués aux Russes par ceux qui les subissent et dont nous partageons la vie (mais sans danger pour nous) le temps du film.
Nous assistons à la vie quotidienne « sous les bombes » des habitants d’Alep, une vie qui peut être joyeuse et au cours de laquelle on rit souvent avec ses proches et les gens qu’on aime et qui ne seront peut-être plus là demain.
Pas de caméra à l’arrache qui secoue, comme on en voit trop y compris et, j’allais dire, surtout dans les fictions.
Ici, il n’y a pas d’effets, mais il y a du cinéma, du vrai, avec des plans travaillés un montage au cordeau et même (mais oui !) du suspense.
Une séquence est particulièrement éprouvante : une femme enceinte est accouchée par le mari de Waad qui est obligé de pratiquer une césarienne puisque la femme est inconsciente (on ne sait même pas, au début de la séquence, si elle est morte ou vivante). Lorsque le bébé sort, il ne réagit pas. Hamza lui masse le cœur, le frictionne vigoureusement et lui tape sur les fesses. L’enfant ne réagira qu’après des secondes qui nous semblent interminables. Et lorsqu’il hurle, enfin, l’émotion nous submerge.
Je crois que l’expression « très grand film » s’impose : la cinéaste-journaliste syrienne filme sous les bombes la vie de tous les jours, les conversations, les rires et quelquefois, souvent même, la mort sans fiction et sans pathos.
Oui, Pour Sama est un très grand film.

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