samedi 25 mars 2023

Amanda

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Carefree (Amanda) de Mark Sandrich (1938)


Un noceur invétéré doit épouser une chanteuse de radio en vogue. Mais la jeune femme après avoir accepté se dérobe à chaque fois.

 

Le fiancé éconduit en déduit que quelque chose ne va pas chez sa fiancée et l'envoie chez son psychanalyste qui est aussi son meilleur ami (sic !). A la suite d'un malentendu, la première rencontre entre l'analyste et la jeune femme se passe plutôt mal. Mais, comme de bien entendu, la belle chanteuse ne tarde pas à tomber amoureuse de son analyste, au détriment de son fiancé.

« Tu te souviens, je voulais être danseur : la psychanalyse m'a guéri ! ». Au delà de la plaisanterie et du clin d'œil que représente la réplique dans la bouche de Fred Astaire, le ton est donné : la psychanalyse va être malmenée, certes sans violence, mais avec insistance. Le patron de Tony le félicite d'avoir trouvé en Amanda une patiente « avec tant de complexes intéressants » ; « J'en trouverai d'autres ! » répond Tony, triomphant. Enfin, dernier exemple significatif, le rêve délirant (et faux) raconté par Amanda pour faire plaisir à son analyste.

Bien entendu, se moquer de la psychanalyse, comme chaque fois qu'Hollywood touche à un sujet sérieux pour en faire une comédie, surtout musicale, ne va pas sans une certaine exagération populiste, mais, au bout du compte, cela n'a pas beaucoup d'importance.

Carefree est l'une des plus grandes réussites des productions réunissant Astaire et Rogers. C'est Ginger Rogers qui a le rôle le plus intéressant et son partenaire, grand prince comme d'habitude, lui sert la soupe avec brio, bonne volonté et bonne humeur. Ralph Bellamy, Jack Carson et Luella Gear, quant à eux, servent la soupe au couple vedette avec un certain panache.

Les superbes numéros musicaux sont amenés avec intelligence et semblent presque "naturels" : le ballet avec les balles de golf, très justement fameux, est remarquable et il est bien dommage que le superbe « I use to be Color Blind » n'ait pas été tourné en couleur, ce que souhaitait le réalisateur.

vendredi 24 mars 2023

Take Shelter

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Take Shelter (2011) de Jeff Nichols

 Curtis Laforche fait, depuis quelques temps, des cauchemars qui tournent autour d’une tornade dévastatrice qui abat tout sur son passage.

Et ces cauchemars ne tardent pas à devenir des hallucinations qui plongent Curtis dans un sentiment croissant de solitude, car sa paranoïa l’éloigne de plus en plus de son entourage et tout particulièrement de sa femme et de sa petite fille qui est sourde et muette.

Son désir d’agrandir et de réaménager l’abri anti-tempête qui est dans son jardin tourne à l’obsession.

Il est certain que je n’aurais jamais pu être un bon critique de cinéma.

Et ça me saute particulièrement aux yeux lorsque je vois les critiques, les vrais, tomber en pâmoison devant, en vrac, ceux qui ont la carte, les Coréens qui font des films chiants, les vieux qui reviennent après trente ans d’absence (Skolimowski), ceux qui font un film tous les quinze ans (syndrome Kubrick, rarement avec le talent qui va avec…), ce qui laisse imaginer un chef d’œuvre dont chaque photogramme est un aboutissement (Terrence Malick) etc… etc…

C’est avec le dernier film de celui-ci que les boys-scouts de la critique ont rapproché Take Shelter pour, bien sûr, frôler l’hystérie mystique devant ce pensum neuneu à la lourdeur si typiquement américaine.

Lourd est d’ailleurs le qualificatif qui convient à tout dans ce film : son rythme qui a la grâce et la légèreté d’un Caterpillar, son scénario qui part d’une idée chewing-gum (comment peut-on étirer sur deux heures l’argument très primaire du schizophrène paranoïde, fils d’une schizophrène paranoïde et qui est persuadé qu’une tornade va engloutir sa petite ville et sa famille ?), sa mise en scène qui veut mélanger un esthétisme très « tendance » (Ah ! Terrence Malick…) et des plans grotesques qui se veulent « inquiétants ». Sans oublier, bien sûr, l’interprétation que tous ces messieurs ont trouvé grandiose du médiocre Michael Shannon qui essaie désespérément de trouver quelques expressions originales à coller sur sa tête à claques et qui « culmine » dans une crise d’hystérie grotesque au cours d’un déjeuner de bouseux.

Les superbes Jessica Chastain (L’Affaire Rachel Singer et La Couleur des sentiments) et Tova Stewart, respectivement épouse et fille du neuneu, font ce qu’elles peuvent et elles peuvent beaucoup ce qui est bien.

Mais devant un nanar de cet acabit, c’est encore trop peu !