samedi 6 février 2021

La Couleur des sentiments

 

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The Help (La Couleur des sentiments) de Tate Taylor (2011)

 Skeeter revient dans sa ville natale de Jackson, Mississipi. Elle est décidée à devenir écrivain et décide, avec l’accord d’Elaine Stein son éditrice, d’écrire une chronique sur la vie des bonnes qu’on appelait des « aides » (« help ») et qui, en cette année 1963, sont toutes noires.

Pour cela, elle va (re)fréquenter ses « amies » d’enfance, toutes femmes au foyer totalement idiotes et encore plus racistes que leurs bouzeux de maris.

Elle va aussi, mais plus secrètement, « négocier » les souvenirs et les anecdotes d’Abileen Clark et Minny Jackson. Naturellement, les noms réels sont changés, mais une anecdote peu banale risque de compromettre cet anonymat.

On a beaucoup reproché à ce film son côté « tire-jus ». C’est tout à fait surprenant.

Certes, il y a dans tout ça un certain pathos, mais le côté « tire-jus » ne saute pas (si je puis me permettre) … aux yeux !

Il reste un film très correct qui se laisse voir sans ennui malgré ses deux heures et demi. Certes, on peut lui reprocher principalement de donner le beau rôle à une blanche qui se trouve, du coup, investie du rôle de militante antiraciste et nous ferait croire, pour un peu, qu’il s’agît d’une histoire vraie,  comme si cette Skeeter (blanche, donc) avait inventé les droits civiques, comme si Rosa Parks (une noire) n’avait pas refusé, le 1er décembre 1955, de céder sa place assise à un blanc dans un autobus et n’avait, de ce fait, subi aucune violence, n’avait pas été arrêtée et condamnée à payer une amende (qui, finalement, ne sera jamais payée à la suite du jugement de la Cour Suprême).

Bien sûr, on ne peut pas passer à côté de l’interprétation, principalement féminine : Emma Stone (Skeeter) et ses « inspiratrices » Octavia Spencer (Minny Jackson) et Viola Davis (Abileen Clark), ainsi que Jessica Chastain qui interprète la douce Celia Forte et qu’on a pu apprécier récemment dans L’Affaire Rachel Singer.

Mais les deux palmes reviennent à Bryce Dallas Howard dans le rôle de la « méchante » Hilly qu’on aimerait claquer pendant tout le film et à une « revenante », la superbe Sissy Spacek en vrai grand-mère et fausse gâteuse, vacharde avec sa fille, la fameuse Hilly, précisément.

Le film se laisse voir et n’a rien d’inoubliable. Mais on peut tout de même lui reprocher de noyer dans la fiction des faits historiques réels dont aucun blanc n’a jamais encouragé l’aboutissement positif.

La revendication pour les droits civiques des noirs a été faite par des noirs dont certains sont morts au nom de leur conviction et elle date de 1905, pas des années soixante !

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