jeudi 25 février 2021

Amy

 

*

Amy (2015) d’Asif Kapadia

Amy Winehouse a toujours chanté et joué de sa voix rauque pour chanter sa passion, le jazz.

Elle écrit, compose et interprète ses propres chansons. Et c’est encore très jeune qu’elle va subjuguer son public.

Mais menée d’une main de fer par un père-ogre qui veut toujours plus la faire travailler et tombée amoureuse (« tombée » prend ici tout son sens) de Blake Fielder, petit junky dragueur de bas de piste qui va l’entraîner dans la drogue alors qu’elle avait déjà un sérieux problème avec l’alcool, Amy va vivre l’enfer jusqu’à ce qu’elle en meurt le 23 juillet 2011 à l’âge de (pas tout à fait) 28 ans.

Lorsqu’un « biopic » est désavoué par la famille du personnage dont on raconte l’histoire, il est de bon ton de lui accorder un satisfecit.

Amy Winehouse était une chanteuse d’exception. Bien que britannique et blanche, elle est l’héritière directe de Billie Holiday (jusque dans la mort, due à la drogue dans les deux cas) et de Nina Simone. Le documentaire nous montre une jeune femme fragile et, dans quelques (trop) rares séquences, traquée par les paparazzis, les hyènes de la très nuisible et abondante presse torche-cul britannique : on pense au personnage de Bardot dans Vie privée. Ça, c’est à la fois ce qu’on attend et ce qui est plutôt bien fait.

Les séquences « musicales », elles, sont rares et courtes, ce qui est incompréhensible dans le contexte.

Le plus gros du film, c’est justement le côté « scandaleux », l’alcoolisme, la drogue, et surtout, ce qui fut la perte d’Amy Winehouse, son mari gigolo, Blake Fielder, et son père-maquereau, Mitchell Winehouse.

De trop nombreuses séquences nous la montre complaisamment en train de lécher la poire de son immonde mari qui, après l’avoir trahie plusieurs fois, reviendra pour la dépouiller et, d’une certaine manière, finira par la tuer. Ce qui est intéressant, c’est aussi le parallèle entre les deux charognards qui l’ont mené à sa perte : la loque Fielder et le pontifiant Mitchell Winehouse qui, après avoir abandonné sa famille durant la prime jeunesse d’Amy (ce dont la jeune femme ne se remettra jamais vraiment), viendra « courageusement » lui servir de manager lorsqu’il s’avérera que, musicalement, « la petite » pourrait bien avoir un certain succès.

Ce choix du scandale fait verser ce film, largement surestimé et encensé d’une façon incompréhensible, dans le clan très fourni des charognards dont, décidément, Amy Winehouse fut toujours victime !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire