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Doctor No (James Bond 007 contre Docteur No) de Terence Young (1962)
A Kingston (Jamaïque), Strangways, un homme d’affaires britannique, est assassiné par trois « mendiants aveugles ». Un peu plus tard, c’est la secrétaire du même Strangways qui est tuée à son tour alors qu’elle s’apprêtait à transmettre un message par radio à Londres. Dans le fichier de Strangways, les assassins volent le dossier d’un certain docteur No.
Les Américains sont sur leurs gardes : Cap Canaveral perd ses fusées dont le radio-guidage est brouillé par un signal en provenance de La Jamaïque.
Londres, alerté par la mort de Strangways qui était, en fait, un agent de l’Intelligence Service met sur l’affaire son agent 007, James Bond, qui part pour Kingston.
Arrivé à La Jamaïque, il est victime d’une tentative d’enlèvement et reprend l’enquête de Strangways qui le mène à Crab Key, une île au large de La Jamaïque qui appartient au docteur No.
En janvier 1952, Ian Fleming, ancien assistant personnel du chef de l’Intelligence Service et ex-directeur des services étrangers d’un important groupe de presse, retiré dans sa villa Goldeneye à La Jamaïque, fait paraître la première aventure de James Bond, Casino Royale.
Le succès, sans être colossal, est confortable et Fleming fait paraître Live and Let Die ( Vivre et laisser mourir), puis Moonraker. Entre-temps, la notoriété de l’agent 007 n’a fait que croître et, tout naturellement, le cinéma commence à s’y intéresser. Harry Salztman, producteur canadien, achète, en 1960, les droits de tous les James Bond sauf Casino Royale qui appartient à la Columbia (qui en a déjà tourné une adaptation pour la télévision) et Thunderball (Opération tonnerre) qui avait valu à Fleming un procès intenté par ses deux co-auteurs Kevin McClory et Jack Whittingham et dont les droits appartiennent à McClory, suite au procès.
La première apparition de Bond dans Docteur No est assez représentative de la série puisqu’on ne voit d’abord que son dos, puis ses mains. Enfin, alors que commence le fameux thème musical de Monty Norman, on voit le visage de celui qui, pour six films, mais aussi pour la postérité, restera James Bond.
Dans ce premier film, la série n’a pas, et c’est normal, tout à fait trouver son style et Doctor No est plus proche de ce qui se faisait à la fin des années cinquante que du reste de la série des James Bond. Mais on y trouve déjà les membres de la « famille Bond » : Terence Young, le réalisateur, Ted Moore, le directeur de la photo, Maurice Binder, l’auteur des génériques, Peter Hunt, le monteur, Ken Adam, le décorateur, et Monty Norman, compositeur du fameux James Bond Theme interprété par John Barry qui sera le compositeur de la majorité des films de la série jusqu’en 1987, le tout sous la férule d’Harry Salztman et Albert R. Broccoli.
Le luxueux repère du « méchant » docteur No, le cynisme froid de celui-ci, le rythme général sont autant d’ingrédients assez typiques de ce que seront les James Bond. Par contre, certaines scènes, comme la mort de la mygale frappée par James Bond dans le rythme même de la musique mélodramatique qui l’accompagne ou le style de ladite musique (mis à part le thème de James Bond, bien sûr), accuse une certaine concession à un style passé que la série enterrera définitivement dès le deuxième film, Bons baisers de Russie.
Sean Connery reste (même si ça l’agace encore aujourd’hui[1]) James Bond et même, pour certains, le seul et unique James Bond. Pour ma part, je pense que Pierce Brosnan a bien pris la relève : Timothy Dalton n’était pas très à son aise et je glisserai charitablement sur le flasque Roger Moore (pourtant titulaire du rôle dans la majorité des films). Quant à l’Australien George Lazenby, il incarne le héros dans un film assez atypique (Au service secret de sa majesté) et aurait peut-être pu prendre dignement la relève du grand Sean.
Naturellement, autour de James Bond, il y a les James Bond Girls, l’équipe et le méchant. Côté James Bond Girls, il y a ici quelques complices du vilain docteur No et la « First Lady », du côté des gentils, Ursula Andress, la blonde naïade dont la première apparition sortant de l’eau avec ses coquillages est une scène culte de la série. Felix Leiter qu’on retrouvera dans un certain nombre de James Bond, interprété à chaque fois par un acteur différent ; c’est, ici, Jack Lord, héros d’une série télé (culte, elle aussi) Hawaï, police d’état. Bernard Lee (M, le patron) et Lois Maxwell (Miss Moneypenny, la secrétaire de M) seront de la « caravane James Bond » pendant de longues années ainsi que Desmond Llewelyn (Q) qui, faute de gadgets (le seul présent ici est un compteur Geiger), n’apparaîtra que dans l’opus 2.
Reste le méchant : Joseph Wiseman, très grand comédien, donne au satanique docteur No une stature impressionnante. La bonne idée des producteurs est d’avoir doté le héros d’un ennemi constant, bien que le « méchant » meurt à chaque fois, le SPECTRE (SPecial Executive for Counter Intelligence, Terrorism, Revenge, Extortion), organisation criminelle dont le docteur No est le n° 2 et qui sera le seul adversaire de James Bond dans les huit premiers films (à l’exception de Goldfinger).
Doctor No n’est pas le chef d’œuvre de la série, mais il est aujourd’hui l’objet d’une certaine nostalgie, ce qui est on ne peut plus normal pour le premier opus d’une série qui en compte vingt à ce jour en quarante et un ans d’existence[2].
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