samedi 15 août 2020

Goldfinger


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Goldfinger (1964) de Guy Hamilton
Felix Leiter transmet à James Bond les ordres de M qui sont de surveiller un citoyen britannique, Auric Goldfinger.
Bond séduit Jill Masterson, employée par Goldfinger pour l’aider à tricher aux cartes. Elle paiera très cher sa « trahison » : Goldfinger la fait exécuter en la recouvrant de peinture d’or. L’or est, en effet, l’obsession d’Auric Goldfinger.
Officiellement joaillier, Goldfinger se livre, en fait, au trafic international d’or en lingots. James Bond fait la connaissance de Goldfinger au cours d’une partie de golf pendant laquelle, naturellement, le trafiquant triche pour gagner. James Bond le prend en chasse jusqu’à son refuge dans les Alpes suisses. C’est sur la route de ce refuge qu’il rencontre Tilly Masterson, la sœur de Jill, venue venger sa sœur.
C’est également là qu’il entend parler pour la première fois, par Goldfinger, de l’opération « Grand Schelem ».
Après la découverte (Doctor No) et le succès de confirmation (Bons baisers de Russie), Goldfinger fut un véritable raz-de-marée.
Le style James Bond est bien installé, il a ses constantes : le pré-générique avec James Bond qui tire, vu par le canon d’un fusil qui devient rouge et s’ouvre sur la séquence pré-générique. Il est à noter que le tireur ne sera interprété par le titulaire du rôle qu’à partir du film suivant Thunderball » (Opération tonnerre). Après la séquence pré-générique qui dure une dizaine de minutes pour « amorcer la pompe », il y a le générique très sophistiqué signé Maurice Binder pour Doctor No et à partir de Thunderball. Ici, il est de Robert Brownjohn. Et c’est depuis Goldfinger que ce générique se déroule sur une chanson à succès, composée pour le film et interprétée par un grand nom de la chanson internationale (Tom Jones, Nancy Sinatra, Paul Mc Cartney…). On comprend pourquoi quand on se souvient du succès planétaire de la chanson Goldfinger interprétée par Shirley Bassey qu’on retrouvera par deux fois « chez James Bond » dans Les Diamants sont éternels et Moonraker.
Les deux grands souvenirs que laisse le film, presque quarante ans après, ce sont précisément cette chanson qui nous dit que Goldfinger « n’aime que l’or » et le plan de Shirley Eaton, « morte dorée » sur les ordres du sinistre trafiquant. L’image de cette fille tuée par l’or a été l’image de marque du film, ce qui laisse à penser que le charisme négatif (« celui qu’on aime haïr ») de Goldfinger n’est pas suffisant : Gert Fröbe n’est pas un mauvais comédien, mais son physique pépère de brave paysan allemand aurait dû être transcendé par un acteur génial pour avoir l’aura des grands méchants.
La « First Lady » ici, ce n’est pas Shirley Eaton, dorée au bout de dix minutes de film, mais Honor Blackman dans le rôle de Pussy Galore, un nom qui provoqua une levée de boucliers de la part de toutes les ligues de vertu britanniques et américaines.
Guy Hamilton succède à Terence Young à la réalisation. Il deviendra un réalisateur attitré de la série. La réalisation est assez standard et l’originalité vient du scénario, de l’humour du personnage ou de l’humour décalé (ou second degré) comme dans la séquence pré-générique avec le casque de camouflage de l’agent secret, casque surmonté d’une poule d’eau, ou le smoking blanc parfaitement repassé sous la tenue d’homme-grenouille. Au demeurant, ce héros, que son auteur même n’aimait pas, est assez antipathique : machiste, violent, snob (ah, ces dry-Martini remués « au shaker, pas à la cuillère » !), il a aussi son côté « vieux con » : « On ne déguste pas plus un Dom Pérignon 55 tiède qu’on écoute les Beatles sans boules Quiès ».
Mais tout ça n’a plus beaucoup d’importance : on ne demande pas à James Bond d’être un philosophe, un mélomane ou un sociologue et on se fiche beaucoup de son côté m’as-tu-vu que les producteurs auront, d’ailleurs, la bonne idée de gommer, après quelques années.

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