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Madre
(2019) de Rodrigo Sorogoyen
Marta
est à Madrid, chez elle, avec sa mère lorsqu’elle reçoit un coup de téléphone
de son fils Ivàn, âgé de 6 ans, que son père qui en a la garde en ce moment, a
laissé seul sur une plage du département des Landes en France. L’enfant est
agressé par un homme et Marta « assiste » au téléphone à l’agression
de son fils.
Dix ans plus tard, Marta s’est
installée à Vieux-Boucau, dans les Landes. Tout le monde la connaît sous le
sobriquet de « La folle de la plage » et connaît son histoire.
Elle est gérante dans un bar-restaurant du bord de
mer. Elle fait la connaissance de Jean qui a 16 ans, l’âge qu’aurait Ivàn.
En
1985, Philippe Le Guay réalise un superbe court-métrage, Les Deux Fragonard :
en 12 minutes, il raconte la mort d’une jeune modèle du peintre Honoré
Fragonard qui passera ensuite dans le laboratoire du docteur Cyprien Fragonard,
anatomiste et cousin du précédent, pour être disséquée. Avec une superbe
photographie de Pierre Novion et une musique extraite du Stabat Mater de
Vivaldi, le film est éblouissant et remporte plusieurs prix. C’est alors que
Philippe Le Guay réalise un long métrage racontant la même histoire : le
film est un ratage et un échec.
Faire un long métrage à partir d’un
court métrage réussi est souvent une fausse bonne idée.
En 2017, Rodrigo Sorogoyen réalise Madre,
un court métrage de 18 minutes. Il semblerait[1] que
c’est très exactement le long plan-séquence qui ouvre « l’autre » Madre,
le long métrage dont il est question ici. Ce court métrage raconte l’histoire
d’une mère qui reçoit un coup de téléphone de son enfant de six ans et qui va,
de fait, assister, impuissante, à sa disparition.
La séquence, réalisée en un seul plan,
est fracassante et nous renvoie au meilleur du cinéma de Sorogoyen, Que Dios nos perdone et, surtout, El Reino.
Malheureusement, la séquence terminée,
on se retrouve « Dix ans plus tard », en France, et comme l’a
dit fort méchamment, mais fort justement un critique, « …dans un film
français !».
Et là, tout est long, étiré,
inintéressant et, en résumé, emmerdant.
On se détache très vite de ce
personnage de « cinglée » au comportement incohérent que rien ne
justifie si ce n’est la « logique » d’un scénario atrophié,
personnage que l’extrême fin du film rend encore plus antipathique.
Oh oui ! On est bien dans un film
français. Mais quelquefois, dans un film français, ce sont les comédiens qui
sauvent tout : ici, la distribution presque unanimement mauvaise, enfonce
plutôt le film, avec une « mention » particulière pour le jeune Jules
Porier qu’on avait vu excellent dans le calamiteux Marvin ou la belle éducation d’Anne Fontaine en 2017 et
qui ne parvient même pas, ici, à parler juste. Même Marta Nieto, un peu
rapidement fêté par le public et les critiques a tout de la tête à claques.
Seule Anne Consigny parvient à être juste et à faire croire à son personnage…
qu’on voit très peu !
Comment un début aussi fracassant
a-t-il pu donner un film aussi mou, aussi lent, aussi... long !?
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