mardi 25 août 2020

Voir le jour


***
Voir le jour (2019) de Marion Laine
Jeanne est auxiliaire dans une maternité de Marseille. Comme dans tous les établissements hospitaliers de France, le personnel est débordé et les nuits de pleine lune, c’est l’horreur dans la maternité, à cause des « accouchements à la chaîne ».
Mais le personnel, presqu’exclusivement féminin, réussit à fait face jusqu’au drame : une femme enceinte de jumeaux perd à l’accouchement un de ses enfants mort-né.
L’infirmière responsable ce soir-là, Sylvie, est mise en cause, mais elle est soutenue par toutes ses collègues dont Jeanne et Francesca, la responsable du service.
Jeanne vit seule avec sa fille Zoé avec qui elle s’entend plutôt bien malgré quelques accrocs, inévitables avec une adolescente.
Tout d’abord, on pense à Pupille, le film de Jeanne Herry qui nous avait ému en 2018. Et à cause de cela, Voir le jour est un film qu’on aimerait plus aimer.
Sans avoir été le succès de l’année 2018, Pupille a relativement bien marché (près de 450 000 entrées) et on peut souhaiter la même chose à Voir le jour.
L’engouement actuel (totalement justifié) pour le personnel médical pourrait jouer en sa faveur, mais la désertion (tout aussi actuelle !) des salles de cinéma risque, en revanche, de lui couter cher.
Les réserves qu’on peut apporter, c’est dans la partie « vie personnelle » de Jeanne : son passé de chanteuse « rock métal » est un peu lourdingue, mais le plus lourd, ça reste les « rapports (forcément) conflictuels » mère-fille : je crois qu’il serait temps de s’interdire, au niveau du cinéma français, l’usage des adolescents, boutonneux et pisseuses (quelquefois les deux !) qu’on a furieusement envie de tarter. La fille de Jeanne est particulièrement crispante : elle reproche à sa mère d’avoir une petite vie de merde, puis d’avoir été une chanteuse métal. Et qu’on s’engueule, et qu’on se réconcilie et ce, plusieurs fois de suite.
En revanche, toute la partie « maternité », mais dans le sens professionnel du terme, est parfaitement réussie, presqu’autant (mais pas tout à fait), que dans Pupille.
Certaines séquences sont assez remarquables, comme celle au cours de laquelle la stagiaire « qui n’a pas le droit de tenir les bébés » calme trois nourrissons en leur chantant du rap.
Comme souvent, l’énorme atout du film, ce sont toutes les comédiennes et les deux comédiens, un ex-membre du groupe rock de Jeanne et le chef de service, le docteur Mille interprété par Stéphane Debac.
Le reste du générique est intégralement féminin : réalisatrice, autrice du roman adapté, scénaristes (ce sont les mêmes), compositrice, productrice et, surtout, actrices menées par trois de nos meilleurs comédiennes, Sandrine Bonnaire, Aure Atika et Brigitte Roüan.
Mais je n’oublierai pas une grande révélation (enfin, pour moi en tous cas), Kenza Fortas que tout le monde avait déjà remarquée dans Shéhérazade, prix Jean Vigo 2018, qui est ici la « stagiaire » Jennfer, superbe !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire