mardi 18 août 2020

Winter’s Bone


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Winter’s Bone (2010) de Debra Granik
 Dans la forêt des Ozarks (Missouri), des fermiers qui ne peuvent plus vivre de leurs exploitations se sont lancés dans la fabrication et le trafic de Crystal Meth, de la méthamphétamine qui s’utilise comme une sorte de cocaïne de synthèse.
Ree Dolly, dont le père vient d’être libéré sous caution après sa condamnation pour trafic de Meth, tient à bout de bras sa famille : son petit frère, sa petite sœur et leur mère malade. Mais le père a engagé leur maison pour payer sa caution et il a disparu.
Ree doit absolument le retrouver pour garder le modeste toit que la famille a sur la tête.
Décidément, les post-adolescentes font des étincelles dans le cinéma américain en ce moment. Après Hailee Steinfeld (14 ans) dans True Grit des frères Coen (nomination pour la meilleur actrice dans un second rôle aux oscars 2010), voici Jennifer Lawrence (20 ans) dans Winter’s Bone, nommée pour l’oscar de la meilleure actrice. Elle est Ree, une jeune fille d’apparence frêle qui a la charge de toute sa famille et qui fait face aussi bien à la misère qu’au danger ou aux coups.
On compare beaucoup Winter’s Bone à Deliverance. Mais le film de Boorman avait un côté « bobo », bien que le concept n’existât pas encore dans les esprits, même s’il était bien réel dans les faits : les « hillbillies » (« ploucs, « bouzeux » …) étaient vus « de l’extérieur ». Ils étaient incompréhensibles, tarés, violeurs, violents et volontiers assassins. Ici, on est complètement immergé parmi eux. Ils sont toujours tarés et violents, mais ils ne sont ni violeurs, ni assassins. Ils éprouvent une certaine admiration pour Ree et lorsque les harpies lui cassent la gueule, c’est une sorte de rite initiatique. Les mêmes harpies vont ensuite l’aider à retrouver le corps de son père, ce qui lui permettra de garder sa maison et de récupérer un peu d’argent.
Contrairement à ce qui a été dit à longueur de critiques à propos de ce film, on n’est pas du tout chez Boorman, mais il est vrai qu’on retrouve un peu des frères Dardenne, ceux de La Promesse.
Ces bouzeux, on est avec eux, on les comprend et il faut bien dire que l’interprétation y est pour beaucoup. On peut souligner au passage la prestation de Dale Dickey dans le rôle de Merab, la plus impitoyable, celle qui tape le plus fort sur Ree, mais viendra la chercher pour qu’elle puisse prouver que son père est bien mort.
Les sentiments comme l’amour, la compréhension, la pitié, la fierté et, je l’ai dit, l’admiration, sont là, mais jamais surlignés.
C’est sans doute ce qu’on aime ici, cette pudeur, cette froideur apparente, comme celle de cette voisine, Sonya, toujours prête à rendre service qui se fait rabrouer pour tout remerciement en apparence, mais avec un simple regard de reconnaissance pour le bien qu’elle fait.
Même si tout le film est baigné par cette lumière et ces paysages hivernaux (l’hiver du titre), on y sent beaucoup de chaleur. Et même si la photographie est belle, la mise en scène rigoureuse et la direction d’acteurs au-dessus de tout éloge, tout cela est fait sans ostentation.
Ça semble modeste, mais c’est du grand cinéma.

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