samedi 13 février 2021

True Grit

 

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True Grit (2010) de Joel et Ethan Coen

 Le père de Mattie Ross vient de se faire assassiner par un de ses journaliers Tom Chaney. Mattie fait enterrer son père et, du haut de ses quatorze ans, engage pour cent dollars Rooster Cogburn, shérif roublard, violent et alcoolique pour arrêter Chaney et le faire traduire en justice.

La poursuite devant avoir lieu en territoire indien, Gogburn ne veut pas s’encombrer d’une gamine.

La Bœuf, un Texas Ranger, est lui aussi à la recherche de Chaney qui a assassiné bien d’autres gens, dont un sénateur, sous d’autres identités.

Le trio, quelquefois réuni, mais souvent séparé, se lance dans la poursuite.

… Ou le grand retour des frères Coen après le lamentable Serious Man de l’année dernière.

True Grit est un roman de Charles Portis. Il a déjà été porté à l’écran en 1969 par le grand Henry Hathaway (dont ce n’est pas le meilleur film !) sous le titre français (Ah ! L’heureux temps où les films avaient un titre français !) 100 dollars pour un shérif.

Cette version-ci a aussi un titre français Le Vrai courage, titre sous lequel le film sortit au Québec. Mais les géniaux distributeurs français ont dû trouver ce titre idiot. Bon, c’est vrai qu’il l’est un peu, même si c’est… la traduction du titre original (« Vrai cran »).

Comme souvent dans les remakes d’adaptation, cette version moderne est plus fidèle, dans les faits, au roman que la version de 1969 dans lequel la petite fille devenait une jeune demoiselle et où, John Wayne oblige, Gogburn était un peu bourru, un peu ivrogne, mais beaucoup plus fréquentable que la vieille crapule (qui plus est, sympathique) incarné par James Bridges. Moi qui ne suis pas, loin s’en faut, un inconditionnel de Bridges, je dois dire qu’il m’a épaté.

D’ailleurs, il faut bien dire qu’il n’y a rien à jeter dans l’interprétation.

D’abord, il y a la superbe Hailee Steinfeld qui emporte le morceau, à quatorze ans, à la fois l’âge du rôle et le sien au moment du tournage. On commence à s’arracher cette surdouée qui ambitionne surtout de passer de l’autre côté de la caméra pour produire et réaliser.

Et puis, il y a Matt Damon dans le rôle bas de plafond (normal ! C’est un Texas Ranger) de La Bœuf (sic !) qui réussit à parler pendant les deux tiers du film avec un drôle de zozotement : à la suite d’une bagarre, sa langue a été à moitié arrachée.

Le scope est utilisé comme dans les westerns des années 50 et l’image est d’une beauté à couper le souffle, la palme allant à cette poursuite finale fantasmatique au cours de laquelle Mattie ne perdra pas la vie, mais perdra un bras, son allié et ami (qu’elle voit pour la dernière fois sans le savoir), son cheval, quelques illusions et sa jeunesse.

Et ce n’est pas le moindre mérite de ce grand western classique atypique de nous présenter l’inverse de ce qu’était les westerns d’antan : de grandes histoires très noires qui se terminaient très bien.

Ici, le regard des frères Coen et, par voie de conséquence, le nôtre est désabusé : le film distille l’espoir d’une fin heureuse. Et même si on ne peut pas dire que tout ça se termine mal, la fin ne transpire pas le bonheur : les méchants ont payé, mais les gentils aussi.

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