samedi 20 février 2021

Cible émouvante

 

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Cible émouvante (1995) de Pierre Salvadori

 Victor Meynard est un tueur à gages. Comme il apprend le français, il dit à ses victimes avant de les tuer : « My name is Victor Meynard and I am a Professional killer ». Malheureusement, lors de l’exécution d’un de ses contrats, le nom de Victor Maynard est répété par le perroquet de la victime. Meynard, qui n’a pu se résoudre à supprimer le volatile, l’emmène avec lui.

Renée est une voleuse. Elle escroque de 1 million d’euros une sorte de caïd de la finance, Casabianca. Lequel Casabianca, pas content, engage Victor Meynard pour liquider Renée.

Mais Renée est « incontrôlable » et Victor échoue à plusieurs reprises, jusqu’à ne plus avoir du tout envie de tuer la jeune femme.

Ce n’est sans doute pas pour rien que le remake de Cible émouvante tourné quinze ans après celui-ci est britannique. Car il s’agit bel et bien d’une comédie anglaise tournée en français par un Français avec des comédiens français.

De plus, il s’agit d’un scénario original de Pierre Salvadori et non d’une adaptation d’un roman à l’humour noir typiquement british !

Bien sûr, on pense à Un poisson nommé Wanda, mais en beaucoup plus fin et même, en beaucoup plus « anglais ». Il faut sans doute remonter à la glorieuse époque de la grande comédie noire britannique (Noblesse oblige, Tueurs de dames et certains Alfred Hitchcock Presents pour la télévision) pour trouver quelque chose d’approchant.

On retrouve un trio à la Dickens avec un Oliver Twist ahuri (Antoine-Guillaume Depardieu), une ravissante « Artful Dodger » (Renée–Marie Trintignant) et un Fagin un peu lunaire et, pour rester chez Dickens, très Micawber (Victor–Jean Rochefort).

Les gags s’enchaînent avec une fluidité déconcertante et sont d’une constante inventivité comme celui du perroquet qui se sent, à juste titre, menacé et dont le regard reflète la peur du canon du revolver qui s’approche de lui. La pauvre bête finira transpercée par une aiguille à tricoter de la diabolique madame Meynard mère.

Dans le trio des acteurs de tête, on retrouve les deux comédiens fétiches de Salvadori, Marie Trintignant et Guillaume Depardieu, tous deux trop tôt disparus et de façons tragiques : elle, assassinée en 2003, lui infecté par un staphylocoque contracté dans un hôpital parisien bien connu (surtout pour la prolifération des infections nosocomiales dans ses murs) et qui en décédera en 2008.

Si Marie Trintignant a toujours été superbe dans tout ce qu’elle a pu faire (sauf peut-être le très surestimé Série noire de son beau-père Alain Corneau, mais elle y avait l’excuse d’une extrême jeunesse et tout le monde y était mauvais, de toute façon), je suis beaucoup plus perplexe sur Guillaume Depardieu que je n’ai réellement apprécié que… dans les films de Salvadori. Quant à Jean Rochefort, c’est Jean Rochefort. Il n’est pas Victor Meynard, Victor Meynard est Jean Rochefort ! A ce trio, il ne faut surtout pas oublier d’ajouter la grande Patachou, superbe folle démoniaque fille, veuve et mère de tueurs.

Le remake réalisé en 2010[1] par Jonathan Lynn ne sera ni meilleur, ni moins bien, puisqu’en fait de remake, ce sera, péripétie pour péripétie, gag pour gag, un copier-coller qui n’apportera rien à l’original, si ce n’est que la cabine téléphonique par laquelle le Meynard français reçoit ses « commandes » sera remplacé chez le Meynard britannique par une batterie de téléphones portables que le tueur jettera systématiquement, dés « l’affaire réglée ». Ce remake apporte aussi la langue anglaise.

Mais l’humour n’a rien à voir avec la langue.

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