dimanche 14 février 2021

Françoise ou la vie conjugale - Jean-Marc ou la vie conjugale

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Françoise ou la vie conjugale - Jean-Marc ou la vie conjugale

d’André Cayatte (1963)

 

            Françoise

       Françoise veut être une femme libre ; en participant à une manifestation contre la guerre d’Algérie, elle évite de justesse de perdre sa virginité avec son ami Roger.

       Elle rencontre Jean-Marc dans une « surboum » qu’il a organisée avec son amie du moment à l’occasion de leur rupture.

       Françoise et Jean-Marc passent la nuit ensemble et ne se séparent plus.

       Françoise obtient sa licence en droit, Jean-Marc, non.

       Elle pousse Jean-Marc à passer son certificat, mais croyant qu’il va échouer, elle échoue volontairement, elle aussi. Mais Jean-Marc réussit.

       Françoise est enceinte.

       Se sentant piégée, elle veut se faire avorter, mais elle rate son avion pour Lausanne.

       Elle reste vivre avec Jean-Marc, malgré l’opposition de ses parents qui voudraient qu’elle se marie.

       Jean-Marc fait la chasse au client et se trouve un poste de juge pour enfants à Vauzelle dans les Ardennes.

       Françoise se sent délaissée par son mari et se lie d’amitié avec un industriel du cru qui la pousse à quitter son médiocre mari.

       Mais elle décide de récupérer Jean-Marc qui commence à prendre son sinistre petit travail de juge pour enfants au sérieux au lieu d’accepter le poste d’avocat dans un important cabinet qu’elle lui a obtenu par ses relations.

       Elle provoque un scandale qui oblige Jean-Marc à quitter Vauzelle et leur permet de regagner Paris.

 

 

Jean-Marc

       Jean-Marc rencontre Françoise dans le parc du Luxembourg. Elle pose pour son ami Roger.

      Il la revoit à l’occasion d’une « surboum » qu’il a organisée à l’occasion du mariage de son ex-petite amie.

 

 

Françoise et Jean-Marc passent la nuit ensemble et ne se séparent plus

        Françoise a obtenu sa licence en droit que Jean-Marc a raté. La mère de Jean-Marc, qui n’aime pas beaucoup Françoise, leur paie tout de même un voyage à Florence.

         Jean-Marc veut épouser Françoise, mais les parents de celle-ci s’y opposent.

        A leur retour d’Italie, la mère de Jean-Marc accuse Françoise de lui avoir pris son amant. Mais Jean-Marc calme sa mère.

       

         Il a trouvé un poste de juge pour enfants à Vauzelle, dans les Ardennes et il se passionne vite pour son travail, mais Françoise s'ennuie et regrette la vie mondaine qu'elle menait à Paris.

 

      

A la suite d’un scandale provoqué par l’état d’ébriété de Françoise, Jean-Marc doit abandonner son travail qui commençait à porter ses fruits auprès des jeunes délinquants.

    

 La famille regagne donc Paris.

 

 

 

 

 







Et ce n’est pas fini, ou plutôt c’est la même chose pendant une heure encore. Et on se quitte, et on revient, avant de se quitter de nouveau.

L’entreprise était, à priori, séduisante : la rencontre d’un homme et d’une femme, leur vie commune, les malentendus qui pourrissent leur vie, leurs retrouvailles et leur séparation finale et définitive, le tout montré en DEUX films distincts, selon le point de vue de la femme, puis de l’homme (les deux films ont toujours été montrés dans cet ordre).

Et on se prend à rêver de ce qu’un Bergman aurait pu faire du procédé. D’autres réalisateurs, plus jeunes, pourraient sans doute réussir aussi un joli doublé. Mais c’est, malheureusement, entre les grosses paluches gourdes de l’épais Cayatte que tout cela est tombé.

Certes, il a été avocat, tout le monde le sait. Il a montré, avec de gros sabots, mais aussi une certaine efficacité, certaines carences inévitables de notre système judiciaire : l’ambiguïté du jugement des jurés d’assises (Justice est faite), l’absurdité de l’application aveugle de certaines lois (Mourir d’aimer), la fragilité des témoignages (Les Risques du métier). Il signe enfin un vibrant plaidoyer contre la peine de mort au titre en forme de profession de foi, Nous sommes tous des assassins, son meilleur film, quoiqu’on ait pu en dire. Son deuxième « meilleur film » se rapproche des deux films ou plutôt du double film qui nous occupe ici : c’est Le Glaive et la balance qui montrait une impossible quête de la vérité.

Mais la crise de ce couple est taillée à la hussarde. Cayatte se fait l’avocat de Françoise, puis de Jean-Marc. Le point de vue de Jean-Marc, assez agressif, lui réussit mieux que celui de Françoise, continuellement sur une défensive suspecte.

De plus, le point de vue de Françoise, lié à la réussite, au clinquant, est moins défendable que le souci des humbles, de l’intégrité et du progrès social que ressent le « médiocre » juge pour enfants, même si Marie-José Nat tente de défendre son personnage superficiel face à Jacques Charrier qui défend assez mal, lui, un personnage plus intéressant.

Il faut dire à sa décharge que le personnage en question est, une fois de plus, à ranger dans la galerie des fils à papa falots, inconsistants jusqu’à la transparence qu’on lui attribuait depuis son succès dans les grotesques Tricheurs du vieux Carné. Acteur sans épaisseur au physique attrayant, Charrier ne put jamais faire oublier ce très mauvais film et, pour compléter le tableau, il ne reste, dans l’imagerie populaire, que le deuxième mari de Brigitte Bardot et le père de son unique enfant.

Mais Charrier n’est pas seul et Marie-José Nat, ailleurs mieux inspirée, est, dans un genre différent, bien mauvaise. Qui, du reste, eut pu se tirer des ridicules dialogues de Louis Sapin ?

Et que dire des situations ? Tout est mauvais : les scènes se répètent à l’envi, alors qu’elles sont loin d’être inoubliables. Et tout est cliché : le médecin, ami de la famille, se jette sur Françoise lorsqu’il s’aperçoit qu’elle est enceinte ; les Ardennes sont sinistres, l’Italie merveilleuse ; le patron de Françoise est tellement content de ses qualités professionnelles qu’elle est la seule à ne pas « passer à la casserole ». Cela, c’est la version Françoise.

La version Jean-Marc n’est pas mieux lotie : Françoise devient une pauvre gourde, fille de maquignon, préoccupée par ses fourrures, son argent et ses caprices, une créature sans cervelle, superficielle, qui ne pense qu’à contrarier la « mission » de son saint homme de mari.

Et, cerise sur le gâteau, le tout est nappé d’une musique doublement sinistre et ridicule, façon concerto pour piano pour Françoise, façon « film de guerre » pour Jean-Marc. Elle est signée Louiguy, immortel auteur de l’immortelle (hélas !!!)  Vie en rose que je tiens pour être une des plus mauvaises chansons françaises.

On croit qu’on va supporter, et puis non, c’est trop mauvais !

 

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