jeudi 4 février 2021

Mes chers amis

 

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Amici miei (Mes chers amis) de Mario Monicelli (1975)

 Le journaliste Perozzi vient de finir une nuit de veille dans le journal pour lequel il travaille, mais il n’a pas envie de rentrer chez lui pour se retrouver face à son fils tellement sérieux.

Du coup, il va chercher Melandri, son ami architecte, puis Mascetti qui fut comte et riche et qui, à présent, laisse vivre sa femme et sa fille dans un sous-sol malsain pendant qu’il va faire les quatre cents coups avec ses copains. Les trois amis vont chercher le quatrième, Necchi qui est patron de café où il n’est que très peu (c’est sa femme qui fait tourner la boutique).

Quelques années plus tôt, à la suite d’un accident, ils ont été hospitalisés ensemble et ont fait la connaissance du chirurgien Sassaroli lorsque Melandri est tombé amoureux de Donatella, la femme de Sassaroli.

Lorsque Melandri a quitté Donatella, Sassaroli est devenu le cinquième larron de la bande.

Pour ceux qui douterait encore du fait que le déchet mafieux Berlusconi a été tout aussi nuisible à son pays que le non-regretté Mussollini, il suffit de regarder la liesse du peuple romain le jour où il a enfin été viré.

Et pour ceux qui douterait du fait que le même déchet avait, avant de ruiner son pays, ruiné un des cinémas les plus prolifiques et les plus inventifs depuis 1945, il suffit de retourner voir Amici miei pour s’en persuader.

On n’en finirait plus de citer les morceaux d’anthologie depuis la scène des baffes distribuées au passage d’un train en partance à la gare de Florence jusqu’à « la supertruelle prématurée avec omoplatement à droite comme si elle était à volets »[1] (« la supercazzola prematurata con scappellamento a destra come se fosse antani »), superbe expression que Mascetti met à toutes les sauces, au grand dam de ses interlocuteurs qui ne peuvent déchiffrer l’énigme qu’elle représente… puisqu’elle ne veut rien dire !

Superbe comédie des années 70, Amici miei est devenu quelque chose de plus : c’est non seulement le film qui réveille le sale gosse qui dort en chaque spectateur, mais surtout le manifeste de ceux qui ne veulent pas grandir et qui revendiquent le droit de n’être rien, comme ces personnages superbement interprétés par Philippe Noiret (Perozzi), Ugo Tognazzi (Mascetti), Adolfo Celi (Sassaroli), Gastone Moschin (Melandri) et Dullio del Prete (Necchi).

Alors que nous vivons les années de plomb d’une civilisation moribonde qui a mis le fric et la « réussite sociale » au-dessus de toute valeur, même (et surtout !) morale, ce manifeste est (avec d’autres) une thérapie salutaire qui pête à la gueule des whoopee’s bobos.



[1] C’est ma traduction. Et, en fait, j’ai ramassé en une seule phrase les différentes variations avec tous les mots de la « proposition » !

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