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Qiu Ju da guansi ((秋菊打官司) - Qiu Ju, une femme chinoise) de Zhang Yimou (1992)
Qiu Ju est une paysanne qui vit dans une région assez pauvre de Chine.
A la suite d’une altercation avec le chef de village, le mari de Qiu Ju a été frappé par celui-ci dans un endroit « très sensible chez l’homme ».
Qiu Ju doit aller dans un autre village demander justice au médiateur qui se contente de faire payer les frais médicaux au chef de village qui s’arrange, d’ailleurs, pour ne pas les payer. Du coup, la jeune femme est contrainte d’aller voir le chef de district, mais tous ces trajets coûtent cher et fatiguent Qiu Ju qui est enceinte de huit mois.
Elle porte plainte.
« Ce que femme veut, Dieu le veut ! » dit-on chez nous. Avec cet entêtement propre aux femmes enceintes, Qiu Ju, très consciente d’avoir été victime d’une injustice, ira jusqu’au bout. Mais nous sommes en Chine et la lourde bureaucratie propre aux pays (ex)-communiste (mais qui l’ai encore. Enfin, tout ça est un peu compliqué !), va mettre un temps fou à s’ébranler, après quoi, naturellement, il sera impossible de l’arrêter. Même l’abandon par Qiu Ju de la plainte qui, du coup, fait condamner l’homme qui, entre-temps, va lui sauver la vie.
Mais pour en arriver là, cette femme de caractère aura passé tous les caps administratifs : sa plainte sera allée du bourg au village, du village au district et du district à la ville. « Elle ira jusqu’à Pékin » dit un des personnages.
Elle va foncer comme un bulldozer jusqu’à ce que le B.S.P. (Bureau de Sécurité Publique) se mette en marche : et rien n’arrêtera le B.S.P. non plus, pas même les regrets de Qiu Ju qui, entre-temps, découvrira que le chef de village est tout de même un brave homme dont elle a signé la perte.
Beaucoup moins chatoyant que les films plus connus de Zhang Yimou comme Vivre, Le Sorgo rouge et, surtout, Epouses et concubines, Qiu Ju reste très beau malgré cette ambiance de pauvreté couleur de boue et Gong Li reste la star chinoise malgré des habits qui la boudinent et son ventre de huit mois de grossesse. Certaines images restent dans la mémoire comme cette vision surréaliste d’un triporteur chargé d’un énorme canapé au milieu duquel trône une jeune femme ou encore le dernier plan de Qiu Ju, paysanne acharnée qui, en réclamant justice, sera prise dans un engrenage qui aboutira à une bien plus grande injustice et, sans doute, de la part de la jeune femme, à une prise de conscience.
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