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An Angel at my Table (Un ange à ma table) (1990) de Jane Campion
Jean est une petite fille boulotte, rousse et très frisée. Personne ne l’aime, elle n’a pas d’amis, mais elle rêve d’écrire.
Et ça dure plus de deux heures et demi. Et ça ne présente pas le moindre intérêt.
La démagogie, c’est flatter le peuple pour en obtenir les faveurs. La « borgogogie » (excusez le néologisme barbare), on pourrait dire que c’est flatter la bourgeoisie pour en obtenir les faveurs. An Angel at my Table est un film « borgogogue ».
On montre la crasse, le désespoir, les dents arrachées, pour prouver au bourgeois qu’il est adulte et qu’il accepte ce qui est laid, lui qui est si beau. On y met de la poésie : la poésie, c’est bien, ça emmerde le bourgeois qui n’y comprend rien (le bourgeois est, en général, très con), mais il n’osera jamais en dire du mal. Là, Jane Campion invente le « Grunge de classe ».
Ensuite, on évite le pathos, car le bourgeois, lui, sait bien que ce qui est « classe » (l’obsession du bourgeois) évite tout débordement. Alors, on fait dans la finesse.
Seul intérêt, la distribution. Quand on bâtit aussi lâche, on ne peut pas se faire avoir par un casting approximatif. Les trois interprètes du rôle de Jean Frame sont également justes et les seconds rôles vieillissent de façons très vraisemblables. Rien à redire de ce côté-là.
Mais à force de faire fin, on atteint ici la transparence totale, donc le néant. Ne nous plaignons pas : dans La Leçon de piano, gros gâteau gras léché avec délice par un public aveuglé (et « bourgeois ») et palme d’or à l’esbrouffe (il y en a eu quelques unes comme ça), Campion faisait dans le lyrique et c’était pire.
Si les films de la cinéaste néo-zélandaise ont la finesse des tranches de jambon S.N.C.F., ils en ont aussi la consistance et la saveur moisie.
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