vendredi 12 mars 2021

Vif-argent

 

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Vif-argent (2019) de Stéphane Batut

Juste erre dans Paris. Il voit les autres, mais les autres ne le voient pas.

En réalité, Juste est mort : il a fait une chute mortelle dans le parc des Buttes Chaumont.

Réduit à l’état de fantôme, Juste devient passeur : il prend en charge ceux qui viennent de mourir pour les amener (tel Charon) « de l’autre côté ».

Les vivants ne voient pas Juste. Mais un jour, il croise Agathe qui non seulement le voit, mais pense le reconnaître : ils se seraient rencontrés dix ans auparavant.

Dans le générique de fin (il me semble que c’était aux remerciements), apparaît le nom de George Du Maurier.

George Du Maurier est surtout connu pour avoir été le grand-père de Daphné Du Maurier, l’auteur des Oiseaux et de Rebecca.

Mais c’était également l’auteur de Peter Ibbetson, un roman que j’ai tenté de lire (j’avoue ne pas être allé au bout) et qui fut l’objet d’une superbe adaptation signée Henry Hathaway qui fut fêtée par les Surréalistes et qu’André Breton qualifia de « film prodigieux, triomphe de la pensée surréaliste » (L’Amour fou).

Peter Ibbetson était l’histoire d’un homme et d’une femme qui s’aimaient depuis l’enfance et allaient s’aimer au-delà de la mort.

L’amour au-delà de la mort, c’est ce dont il est question ici.

En fait, Vif argent pourrait bien être un très beau film raté ! Le scénario est lourd et, plus que répétitif, il piétine. De plus, le personnage féminin est antipathique, assez bête, complètement raté et très mal interprété (ça marche avec !) par Judith Chemla.

Mais il y a le reste, et ça, c’est réussi ! Un critique parle d’« errance mélancolique ». L’errance est, bien évidemment, une des plaies les plus caractéristiques du cinéma français. Ici, elle est ce qu’elle devait toujours être : vaporeuse et légère.

Le metteur en scène et sa directrice de la photo, Céline Bozon, ose des trucs invraisemblables (une veste improbable en strass, des mariages de couleurs bizarres…) et ça marche !

Il se dégage de tout ça un charme indéfinissable, « pas totalement réussi » selon Jérôme Garcin, « une découverte » selon Xavier Leherpeur.

On ne croit pas trop en l’amour des deux protagonistes, ce qui, malheureusement, l’éloigne beaucoup de Peter Ibbetson, de L’Amour à mort d’Alain Resnais et de Truly, Madly, Deeply, un grand film méconnu d’Anthony Mighella, trois films qui parlent d’amour après la mort.

Stéphane Batut n’est certes pas un bon scénariste, mais c’est un sacré metteur en scène.

 

 

 

 

 

 

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