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Die Andere Heimat – Chronik einer Sehnssucht (Part 1)
(Heimat 1 – Chronique d’un rêve) d’Edgar Reitz (2013)
En Rhénanie, très exactement dans la province du Hunsrück, le jeune Jakob vit entre son père Johann, forgeron, sa mère Margret et son frère Gustav.
La sœur aînée, Lena, a été plus ou moins reniée par son père depuis qu’elle a épousé un catholique.
La vie est dure et la condition paysanne est assez déplorable dans cette Allemagne entre 1842 et 1844, ces années de la révolution allemande.
Jakob lit beaucoup et il rêve du Brésil.
Une grande partie de ces paysans pauvres, en effet, rêve d’émigrer en Amérique du Sud.
En 1984, Edgar Reitz, alors quinquagénaire, réalisait une fresque de plus de 50 heures au cours desquelles il racontait l’histoire de sa famille au 20ème siècle, dans le Hunsrück. L’action commençait en 1919 et se terminait en 1984.
En 2002, il réalisait Heimat 3, qui reprenait l’histoire de la famille depuis 1989. On voyait donc, dans l’intégrale, la difficile après-guerre, l’euphorie des années vingt, la dépression, l’avènement et la chute du nazisme, la reconstruction et la partition de l’Allemagne. Le dernier film racontait la chute du mur et la réunification.
Trente ans après la première série, Edgar Reitz revient sur son histoire pour en reprendre le « prequel » selon l’exécrable terminologie américaine.
Dans un superbe noir et blanc, il nous montre le Hunsrück, sa région de naissance et celle de sa famille dans les années 1842-1844, au moment des premiers « troubles » qui aboutiront à la révolution de 1848.
« Heimat », ça veut dire à la fois « Patrie » et « Foyer ». C’est un mot qui est devenu un peu maudit après la guerre comme tous les mots que l’idéologie nazie a réussi à vicier : avec eux « Heimat » n’était plus que « Patrie », exact synonyme de « Vaterland ».
Edgar Reitz nous emmène ici dans la « pré-Allemagne », la Prusse paysanne et pauvre qui fut un grand pays d’émigration avant d’être le pays d’immigration d’aujourd’hui. Il rappelle à ses concitoyens que ce pays « au-dessus de tout » (« Deutschland, über alles »), avant d’être le synonyme d’un nationalisme débile et assassin, fut un pays qu’on fuyait comme on fuit la pauvreté.
Un pays beau, malgré tout, où la grisaille est « piquée » de tâches de couleurs, comme celle du fer forgé d’un cheval, d’un papier peint bleu pâle, d’une agate, etc...
Somptueusement mis en scène et interprété, Heimat est l’une des rares réussites qui nous plonge authentiquement dans le passé, qui nous transporte.
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