lundi 8 mars 2021

Les Anarchistes

 

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Les Anarchistes (2015) d’Elie Wajeman

Jean Albertini est un jeune « gardien de la paix » sans attache familiale, ni sentimentale.

C’est pourquoi il est choisi pour infiltrer un groupe d’anarchistes. Les anarchistes, en ce début de vingtième siècle, sont le cauchemar de la police. Ils provoquent des attentats partout et il est quasiment impossible de prévoir où ils vont frapper.

Jean doit donc fournir des rapports à Gaspard, son supérieur dans la police, alors qu’il vit au sein d’un groupe qui rassemble Biscuit, Marie-Louise, Eugène, Elisée et, surtout, Judith dont Jean ne tarde pas à tomber amoureux.

En ce début très troublé de 21ème siècle, on a tendance à oublier que le début du 20ème, comme l’extrême fin du 19ème, furent des époques plus violentes à bien des égards.

Il y avait des attentats, des machines infernales qui tuaient des foules. La grosse différence était entre les deux époques, on pouvait le trouver dans le QI des terroristes d’alors, car ils en avaient un alors qu’on peut légitimement se poser la question de savoir si les adeptes du « nouveau califat » en ont un, fut-il de pince à linges !

Loin de l’obscurantisme actuel, ces « intellectuels » de l’époque (encore qualifiée de « belle ») avaient le sentiment d’œuvrer pour le bonheur de l’humanité, même si leur action faisait passer de vie à trépas quelques dizaines d’êtres humains.

En 1893, la 3ème République aux abois instaure dans l’urgence des lois restreignant fortement la loi de 1881 (sur la liberté de la presse) et visant également les autres lois sur la liberté d’association. Certaines de ces lois répressives seront abrogées en… 1992 !

Jaurès, en 1894, avait dénoncé, à la chambre, les « agents provocateurs » rétribués par la police pour cafarder et pousser les anarchistes aux crimes de sang, excellent prétexte ensuite pour les éliminer (prison, « corvée de bois » ou guillotine).

Ici, nous sommes cinq ans plus tard. Victimes d’une répression impitoyable, les anarchistes ne se cachent pas. Il faut dire que ceux du film sont, pour le moins, imprudents. Ils recrutent Jean, malgré la méfiance qu’il inspire à l’un d’eux et se laisse trahir « comme des bleus » (certes, ils sont très jeunes, mais tout de même !).

De plus, le scénario est (peut-être faute de moyen) un peu répétitif et tourné en vase clos. Comme ils parlent politique, le film est un peu verbeux.

Mais il faut reconnaître que la reconstitution d’époque est très soignée et que l’image est très belle. Le casting est parfait, dominé par Adèle Exarchopoulos. Tahar Rahim, envers qui j’ai toujours été réticent, est très bien ici. Mais peut-être le film manque-t-il tout simplement de folie… ou d’anarchie !!!

 

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