samedi 6 mars 2021

L’Homme qu’on aimait trop

 


L’Homme qu’on aimait trop (2012) d’André Téchiné

De retour d’Afrique, Agnès Le Roux est accueillie à l’aéroport par Maurice Agnelet, avocat de sa mère Renée Le Roux, elle-même propriétaire du « Palais de la Méditérranée », célèbre casino niçois.

Renée se bat pour que son casino ne tombe pas entre les mains mafieuses de Fratoni, le caïd local.

Maurice, après avoir abandonné Renée, séduit Agnès pour la pousser à voter contre la reconduction de sa mère à la tête du Palais de la Méditerranée et à vendre ses actions à Fratoni.

Peu de temps après, un week-end de Toussaint qu’Agnès devait passer avec Agnelet, la jeune femme disparaît.

On ne la retrouvera jamais, ni vivante, ni morte.

En 2009, Téchiné réalisait La Fille du R.E.R., inspiré par un fait divers, l’affaire Leblanc, du nom d’une jeune femme qui se prétendait victime d’une agression à caractère antisémite, alors qu’elle n’était pas juive.

Ça se passait en juin 2004 et les médias s’emparèrent de l’affaire sans aucun discernement, sans aucun sens critique. Le chef de l’état, Jacques Chirac, vint s’en mêler (s’emmêler ?) pour dénoncer publiquement ce « crime atroce », tout cela pour une « agression » (et non un « crime ») qui s’avèrera, deux jours plus tard, avoir été totalement inventée par la « victime ».

Le film sera un flop sévère et les critiques du public ne le seront pas moins. Pour LA critique (professionnelle, donc), les jugements seront plus nuancés : il s’agit de Téchiné, quand même !

Dans les critiques négatives (il y en a quand même !), on trouve cette phrase : « A l’arrivée, le sentiment est mitigé, comme si le sujet avait partiellement résisté au cinéaste. » (Arnaud Schwartz – La Croix).

Est-ce le même problème ici ? C’est possible.

Que Maurice Agnelet ait été un homme fascinant, c’est possible. C’est même certain puisque tout le monde le dit.

Alors pourquoi en avoir fait un être fallot et tête à claques. Guillaume Canet n’est pas (seul) en cause. Comme dit Jessica, la femme de Roger Rabbit dans Qui veut la peau de Roger Rabbit ? : « Je ne suis pas vraiment mauvaise, je suis juste dessinée comme ça ! »

Et Maurice Agnelet est écrit comme ça. Dés lors, la pseudo-fascination d’Agnés (qu’on ne sent, du reste, à aucun moment) pour ce petit escroc tombe complètement à plat, comme d’ailleurs, son désir de faire du mal à sa mère.

Téchiné ne sait visiblement pas où donner de la tête : qu’est-ce qui est important ? La rancune d’Agnès pour Renée ? La « fascination » d’Agnès pour Maurice ? Les manœuvres de Maurice ? Les manœuvres de la mafia ? La disparition d’Agnès ?... Comme il ne peut choisir, il prend tout. Qui trop embrasse mal étreint ; il s’étale lamentablement à tous les étages.

Catherine Deneuve fait son numéro de « Grande Catherine » sans effort excessif, Guillaume Canet n’est pas crédible et Adèle Haenel que tout le monde a fêtée à la sortie de ce film très surestimé, on peut dire qu’elle joue très bien les lapins russes ; mais ses yeux rouges lassent très vite et il faut bien dire que parmi les rôles les plus ingrats des comédiens, la chialeuse est toujours  éprouvante pour le spectateur.

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