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Ander (2009) de Robert Castòn
Ander vit dans une ferme isolée de la Biscaye avec sa sœur Arantxa et leur mère. Arantxa va se marier dans quelques jours. Nous sommes en automne 1999.
Ander travaille à l’usine voisine en plus de son travail à la ferme. Une nuit, Ander se casse une jambe. Il est contraint d’embaucher un ouvrier.
Ce sera Jose, un ouvrier agricole péruvien, avec qui Ander entretient très rapidement des liens amicaux, ce que sa mère admet d’autant plus mal qu’elle ne parle que le Basque et Jose le Castillan.
Ander se sent troublé par Jose.
Ce film est un scandale ou, tout au moins, un signe extérieur de scandale. Sa qualité, sa finesse l’ont fait remarquer (et primer !...) dans tous les festivals. Il sort à Paris qui se targue d’être la capitale la plus cinéphile du monde dans… deux salles relativement modestes quand le Sherlock Holmes sous acide de Guy Ritchie et l’Homme sérieux (mais très très con !) des frères Coen s’ébattent joyeusement dans des centaines de salles à travers tout le pays. Ander ne bénéficie d’aucune couverture médiatique, personne n’en parle, si ce n’est un article, certes très élogieux dans Télérama.
Et pourtant… Pourtant, il y a bien longtemps qu’on n’avait pas vu ça, cette délicatesse au cinéma.
Bien sûr, on pense à Brokeback Mountain et à Tu n’aimeras point, les deux très bons films récents sur l’homosexualité masculine. Mais eux, au moins (surtout le premier), avaient fait parler d’eux.
Autre grosse différence, la fin. Que ce soit aux Etats-Unis dans les années soixante ou à Jérusalem-Est chez les Juifs orthodoxes, il n’y avait pas d’amour (homo) heureux. Ici, après quelques douloureuses hésitations (qu’on peut comprendre !), tout se termine bien.
Ander fait partie des films « amis du genre humain » où tous les personnages, même les (a priori) plus antipathiques ont leurs raisons, leur histoire, leur fêlure. C’est une caméra qui observe scrute et rend tous les personnages beaux : Ander et Jose, mais aussi Arantxa, la mère, l’amoureux de la mère dont Ander aimerait qu’il fût son père et surtout Reme, la fausse pute au vrai grand cœur, modeste mère courage qui sera pour beaucoup dans l’heureux dénouement. Il y a bien longtemps qu’on n’avait pas vu un personnage aussi bien ciselé.
Le papier de Guillemette Odicino dans Télérama se concluait par « … et c’est doux » On ne peut rien ajouter de plus juste.
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