=
Evolution (Évolution) de Kornel Mundruczó (2021)
Des soldats soviétiques nettoient une chambre à gaz (très probablement du camp d’Auschwitz-Birkenau) et trouvent un bébé caché et vivant.
76 ans plus tard, le bébé est devenue une vieille dame, Eva, qui vit seule dans son appartement berlinois. Sa fille Lena s’occupe d’elle, car elle est sénile. La mère et la fille se querellent : Eva vit dans le souvenir de la Shoah dont elle est une miraculée, alors que Lena qu’elle a élevée dans cette obsession du souvenir, voudrait s’en détacher.
Jonas, le fils de Lena, revendique, lui, sa judéité contrairement à sa mère.
Depuis 1948 et La Corde d’Hitchcock, le film réalisé en un minimum de plans-séquence est un vieux fantasme de jeunes réalisateurs très infatués et sûrs que leur talent, que dis-je, que leur génie va leur permettre d’atteindre ce nirvana, équivalent cinématographique du triangle de Penrose ou du mouvement perpétuel.
À l’époque d’Hitchcock, quand on réalisait en 35 millimètres, on ne pouvait tourner que le temps d’un magasin, soit 305 mètres, soit 11 minutes de film.
Avec l’avènement du numérique on peut tourner un long métrage entier en un seul plan (Birdman de d’Alejandro González Iñárritu en 2014, par exemple) et la prouesse technique peut rapidement devenir une coquetterie chichiteuse de pédant cinématographique.
C’est très exactement ce que nous avons ici.
Quand on pense que le réalisateur de ce… machin est celui de l’excellent White God, on se dit que la chute est un peu raide.
Une fois de plus, c’est de la Shoah et, par extension, de judéité qu’il s’agît.
Évolution est donc un (très) long métrage en 3 parties, soit un plan-séquence pour chacune des parties, ce qui permet d’alourdir les symboles jusqu’à la nausée, principalement dans la première partie, celle de la chambre à gaz dans laquelle on retrouve un bébé vivant.
L’identité de ce bébé devenue vieille dame aurait pu (dû) être ce qu’il y avait de plus important.
Mais non ! Dès la deuxième partie, on sait que cette vieille dame est bien le bébé de la première partie qui a, on ne sait par quel miracle, retrouvée son identité et le vrai sujet du film devient la judéité.
Et là, tous les reproches qu’on a pu faire, très injustement selon moi, au Fils de Saül de Laszlo Nemes, vous sautent à la figure dans ce film poseur et prétentieux.
Sur l’affiche du film, en guise de publicité, on peut lire « Une confrontation à l’histoire. Excellent et libérateur » et c’est signé Martin Scorsese… qui est producteur du film.
Comme le dit une plaisanterie juive bien connue : « Si un commerçant vous dit que ce qu’il vend n’est pas bon, ne l’achetez pas ! ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire