The Nightmare Before Christmas (L’Étrange Noël de monsieur Jack)
d’Henry Selick (1994)
Mr Jack est le roi des citrouilles : il est donc le roi d’Halloween-City. Mais monsieur Jack n’est pas heureux. Il se sent terriblement seul. Il ne sait pas que la pauvre poupée de chiffon, Sally, est amoureuse de lui.
Alors qu’il se promène dans sa forêt, il ouvre par erreur la porte qui donne sur Christmas-City. Lorsqu’il voit les enfants heureux, il lui prend l’envie de changer de rôle : il veut être le Père Noël.
Revenu à Halloween-City, il donne l’ordre de préparer Noël et d’enlever le Père Noël pour se substituer à lui. Mais on ne change pas de personnalité aussi facilement que de costume. Sally essaie de l’en avertir, mais il ne l’écoute pas.
Lorsque le film sortit, il fut l’objet d’une polémique : était-il ou n’était-il pas un film de Tim Burton ? Bien sûr, Tim Burton n’écrivit qu’une vague trame qui servit de base au scénario. Bien sûr, une légende tenace (et invérifiable) veut qu’il ne soit venu que deux fois et en touriste sur le plateau pour un tournage dont il était, tout de même, le producteur.
Mais que penser de ce héros, ce monsieur Jack qui commet la faute suprême de vouloir changer de personnage, d’univers et qui sera abattu en plein vol, tel Prométhée ? Monsieur Jack n’est-il pas le frère d’Edward aux mains d’argent, d’Ed Wood, un cousin du couple de fantômes de Beetlejuice ou un lointain parent des Martiens de Mars Attacks ?
Alors peu importe qui a fait quoi ! La réalisation de Selick est superbe, mais on sent beaucoup l’ombre de Burton : il suffit pour s’en persuader de lire le générique. Tous les habituels collaborateurs (ou complices) de Burton y sont : Caroline Thompson et Michael Mac Dowell au scénario, Danny Elfman à la musique…
De toutes façons, Tim Burton ou non, L’Etrange Noël de monsieur Jack est un film d’animation superbe doublé d’une authentique comédie musicale moderne et d’une œuvre plastique remarquable.
Comble du cynisme : ce que d’aucuns qualifièrent d’« anti-disniaiserie » fut tourné dans les studios Disney, monté dans les labos Disney, mis en musique dans les auditoriums Disney et distribué par Buena Vista. Et on se prend à retrouver sympathique cette usine à rêves lénifiants qui mit ainsi, avec beaucoup de fair play, ses énormes moyens au service d’un chef d’œuvre (le mot n’est pas trop fort) dont on ne la croyait plus capable depuis bien longtemps, même s’il n’est pas fou d’imaginer qu’elle ne l’a pas fait pour rien.