jeudi 3 octobre 2024

L’Étrange Noël de monsieur Jack

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The Nightmare Before Christmas (L’Étrange Noël de monsieur Jack)

d’Henry Selick (1994)

Mr Jack est le roi des citrouilles : il est donc le roi d’Halloween-City. Mais monsieur Jack n’est pas heureux. Il se sent terriblement seul. Il ne sait pas que la pauvre poupée de chiffon, Sally, est amoureuse de lui.

Alors qu’il se promène dans sa forêt, il ouvre par erreur la porte qui donne sur Christmas-City. Lorsqu’il voit les enfants heureux, il lui prend l’envie de changer de rôle : il veut être le Père Noël.

Revenu à Halloween-City, il donne l’ordre de préparer Noël et d’enlever le Père Noël pour se substituer à lui. Mais on ne change pas de personnalité aussi facilement que de costume. Sally essaie de l’en avertir, mais il ne l’écoute pas.

Lorsque le film sortit, il fut l’objet d’une polémique : était-il ou n’était-il pas un film de Tim Burton ? Bien sûr, Tim Burton n’écrivit qu’une vague trame qui servit de base au scénario. Bien sûr, une légende tenace (et invérifiable) veut qu’il ne soit venu que deux fois et en touriste sur le plateau pour un tournage dont il était, tout de même, le producteur.

Mais que penser de ce héros, ce monsieur Jack qui commet la faute suprême de vouloir changer de personnage, d’univers et qui sera abattu en plein vol, tel Prométhée ? Monsieur Jack n’est-il pas le frère d’Edward aux mains d’argent, d’Ed Wood, un cousin du couple de fantômes de Beetlejuice ou un lointain parent des Martiens de Mars Attacks ?

Alors peu importe qui a fait quoi ! La réalisation de Selick est superbe, mais on sent beaucoup l’ombre de Burton : il suffit pour s’en persuader de lire le générique. Tous les habituels collaborateurs (ou complices) de Burton y sont : Caroline Thompson et Michael Mac Dowell au scénario, Danny Elfman à la musique…

De toutes façons, Tim Burton ou non, L’Etrange Noël de monsieur Jack est un film d’animation superbe doublé d’une authentique comédie musicale moderne et d’une œuvre plastique remarquable.

Comble du cynisme : ce que d’aucuns qualifièrent d’« anti-disniaiserie » fut tourné dans les studios Disney, monté dans les labos Disney, mis en musique dans les auditoriums Disney et distribué par Buena Vista. Et on se prend à retrouver sympathique cette usine à rêves lénifiants qui mit ainsi, avec beaucoup de fair play, ses énormes moyens au service d’un chef d’œuvre (le mot n’est pas trop fort) dont on ne la croyait plus capable depuis bien longtemps, même s’il n’est pas fou d’imaginer qu’elle ne l’a pas fait pour rien.

samedi 17 août 2024

The Strange Affair of Uncle Harry

** The Strange Affair of Uncle Harry (1945) de Robert Siodmak


La famille Quincey était la plus cossue de sa petite ville, mais la crise de 29 fit fondre toute sa fortune et les Quincey ne conservèrent que la demeure familiale.

A présent, la famille se compose d’Harry et ses deux sœurs Hester et Letty. Harry se destinait à devenir artiste, mais pour subvenir à ses besoins et à ceux de ses sœurs, il travaille depuis des années dans l’usine locale à dessiner des roses.

C’est dans le cadre de son travail qu’il fait la connaissance de Deborah Brown qui est envoyée par les bureaux de New York. Ils tombent amoureux l’un de l’autre.

Mais Harry hésite à demander Deborah en mariage, car il ne peut abandonner sa sœur Letty qui prétend être cardiaque pour le retenir.

Un collègue d’Harry fait la cour à Deborah et Harry se décide à épouser la jeune femme. Mais Letty entend bien tout faire pour empêcher cette union.

En dépit de son aspect un peu trop moral, le final est d’une grande efficacité. Mais il ne faudrait pas qu’il éclipse le reste, un film authentiquement noir d’une très grande facture, le portrait d’une mante religieuse, hystérique et hypocondriaque, un rôle souvent dévolu à la mère, mais qui est ici la sœur.

Geraldine Fitzgerald y est excellente et éclipse presque George Sanders, Ella Raines et les autres. Ce grand film, pour lequel un code de moralité stupide a imposé un peu de sucre à la fin, était bien meilleur amer.

jeudi 15 août 2024

La Chance de ma vie


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La Chance de ma vie (2009) de Nicolas Cuche

 Lors d’un mariage, Julien Monnier rencontre Joanna Sorini. Ils se parlent, ils se plaisent et lorsque Joanna s’aperçoit qu’elle s’est trompée de mariage, Julien aimerait la suivre pour la revoir.

Mais Julien à un sérieux problème : il porte la poisse aux femmes qui sortent avec lui. Elles risquent systématiquement de se brûler les fesses ou la robe ou de se prendre le hauban d’un bateau dans les dents. Et comme Joanna lui plait beaucoup, il préfère renoncer à la voir plutôt que d’être obligé de l’emmener aux urgences.

Mais il la revoit par hasard, ils ont une aventure, ils décident de rester amis et les accidents en tous genres commencent à pleuvoir sur Joanna.

Une comédie enlevée, des dialogues bien balancés par d’excellents comédiens : l’année commence plutôt bien !

L’année dernière, nous avions eu Une petite zone de turbulences, un petit peu plus ambitieux, mais un petit peu moins vif.

François-Xavier Demaison et Virginie Efira forment un couple très attachant et Francis Perrin, Armelle Deutsch, Raphaël Personnaz, Marie-Christine Adam et Brigitte Roüan se délectent visiblement autant que le public, sans oublier Elie Semoun en designer branchouille, répondant au patronyme de Philippe Markus : bien entendu, toute ressemblance avec des personnes existantes (et portant le même prénom) ou ayant existé, etc…

vendredi 9 août 2024

Downtown Abbey



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Downtown Abbey (2019) de Michael Engler

Un an a passé depuis le 1er janvier 1926 à Downtown Abbey.

Et en ce début d’année 1927, une nouvelle extraordinaire arrive tant pour les maîtres que pour les valets : sa majesté George V et la reine Mary vont venir à Downtown Abbey et y passer une nuit.

Tout le monde est enthousiaste, y compris (et surtout) « l’office » jusqu’à Mr Mosley, l’ex-valet devenu instituteur et prêt à remettre sa livrée pour servir « leurs majestés ».

Mais toute la domesticité de Downtown ne tarde pas à déchanter lorsqu’arrivent les loufiats royaux et, tout principalement, Wilson, « grand chambellan » du roi, « monsieur » Courbet, cuisinier du roi et Mrs Webb, la gouvernante de la maison royale.

Sous l’impulsion d’Anna Bates, l’équipe de Downtown passe à l’offensive.

Downtown Abbey est une série qui s’étend sur six « saisons » et qui racontent les heurs et malheurs d’une famille aristocratique anglaise du 12 avril 1912 au 1er janvier 1926, c’est-à-dire qu’elle commence le jour du naufrage du Titanic (dans lequel les héritiers du domaine périssent) et se termine par les festivités de la nouvelle année.

Ici, on retrouve les personnages un an après qu’on les a quittés, en 1927, alors qu’arrive la nouvelle de la visite prochaine de « leurs majestés » George V et Mary.

Comme dans la série, les extérieurs ont été tournés dans le Yorkshire et la « maison » est en fait le château d’Highclere (également dans le Yorkshire).

A chaque fin des cinq premières saisons, il y avait un épisode supplémentaire présenté en fin d’année et baptisé « épisode de Noël ». Certains de ces épisodes consistaient en un court métrage parodique sur la série.

Il semble que ce long métrage soit, en fait, un « épisode de Noël » réalisé en scope, d’une durée égale à celle de deux épisodes et projeté sur grand écran.

Downtown Abbey est une série très agréable, un peu « prout » et destinée, surtout, à épater le bourgeois. Le « prolo », en revanche, peut être un peu indisposé par cette mentalité de louffiats qui s’attribuent les « qualités » de leurs maîtres, qualités très relatives au demeurant. Jamais l’expression « snob comme un pot de chambre d’évêque » n’a pris autant de sens qu’ici.

De plus, le film ne semble avoir été réalisé QUE pour les aficionados de la série, car on peut être facilement désorienté par la multiplicité des personnages, tant de la « gentry » que de la « domesticité »[1].

Sinon, les personnages sont approximativement les mêmes mis à part le personnage central de Robert, Lord Grantham, un tout petit peu moins bête ici que dans la série.

Heureusement, le personnage de la comtesse douairière Violet est toujours aussi savoureux et le rôle semble toujours avoir été écrit sur mesure pour l’impératrice Maggie Smith.

Bien entendu, cette Dynastie des Forsythe un peu beauf fait un malheur aux États-Unis : les pauvres, ils n’ont jamais eu d’aristocratie !

Et le snobisme a toujours fasciné les Américons !



[1] En fait et après enquête auprès de proches qui ne sont pas familiers de la série, il semble que le film plait aussi à ceux qui ne savent rien des personnages de la série et, donc, du film.