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Stavisky (1974) d’Alain Resnais
Alors
que le cartel des gauches est au pouvoir, Sacha Alexandre, qui avait commencé
sa carrière sous son vrai nom, Alexandre Stavisky, escroque à tout va et vit
comme un prince entre l’ambiance feutrée du Claridge et l’excitation des
casinos de Biarritz et de Cannes. Il a corrompu la police et l’administration.
Il est fêté et sa femme Arlette est adulée.
Mais
les finances de « Sacha » s’épuisent et il espère regagner une
fortune grâce à l’émission de faux bons de caisse du Crédit Municipal de
Bayonne. Il est prêt également à servir d’intermédiaire pour le compte d’un
aristocrate espagnol entre les finances mussoliniennes et les nationalistes
espagnols qui veulent renverser la toute jeune république.
Boulli, l’homme de confiance de
Sacha, le met en garde contre ses « imprudences » qui pourraient bien
provoquer sa chute dans le plus retentissant des scandales.
D’aucuns
furent surpris que le réalisateur de Muriel ou de L’Année dernière à Marienbad
ait réalisé ce film de « consommation courante » qui fait plus penser
à La Banquière que Francis Girod réalisera huit ans plus tard qu’à Providence,
le film suivant dans la filmographie de Resnais, daté de 1977.
Pourtant,
il ne faut pas oublier que Resnais ne fait pas partie des réalisateurs de
« style monolithique ». Le talent de certains cinéastes passe par une
uniformité de style qui peut, ou non, aller jusqu’à une uniformité de scénario.
Le style
des films de Fellini a subi une certaine évolution, mais il est resté le même.
Le style de Visconti, à partir de Senso, celui de Godard, celui de
Huston, celui de Ford, celui de Welles, celui d’Hitchcock – et on pourrait en
citer des centaines d’autres – sont uniformes.
A
l’inverse, Stephen Frears, Clouzot, Duvivier, Curtiz, Mankiewicz même, ont
adopté des styles différents qui contribuent, paradoxalement, à l’unicité de
leur œuvre. Resnais fait partie de cette deuxième catégorie.
Rien
d’étonnant donc, à ce que ce cinéaste ait pu avec un bonheur assez exceptionnel
passer de Je t’aime, je t’aime à Providence, de Mon oncle
d’Amérique à L’Amour à mort, de Mélo
à Smoking – No Smoking.
Mais ce
bonheur n’atteint pas Stavisky. Le scénario très surestimé de Jorge
Semprun est passe-partout, bâclé et sans intérêt. Le choix de Jean-Paul
Belmondo dans le rôle-titre est peut-être la grande erreur : Bebel était
alors une super-star qui avait la réputation de faire la pluie et le beau temps
sur ses tournages et il est plus que probable que Resnais manquait de liberté.
Anny Duperrey, François Périer, Charles Boyer, Claude Rich et Michael Lonsdale
ont beau être bons (mais ceux-là peuvent-ils être mauvais !?), l’ensemble
de cette entreprise est rendu improbable par une indigence généralisée.