samedi 15 novembre 2025

Les Chants de Mandrin

 

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Les Chants de Mandrin (2011) de Rabah Ameur-Zaïmeche

 Louis Mandrin, contrebandier dauphinois, a été condamné à mort et roué le 26 mai 1755 à Valence.

 

Ceux de sa bande se sont très vite regroupés sous le nom des « Mandrins » et ils sont poursuivis par les soldats de Louis XV. La bande dirigée par Bélissard charge Jean Sératin, un colporteur, de distribuer largement Les Chants de Mandrin, un long poème qu’ils ont fait imprimer. Un marquis aux idées très progressistes se joint à eux.

Loin de moi l’idée de vouloir fixer les règles de base d’un bon critique, que ce soit de cinéma, de littérature ou de quoi que ce soit d’autre, mais il semble que, dans ce domaine (la critique) comme dans beaucoup d’autres, la confusion tienne lieu d’éthique (et de morale, par voie de conséquence).

J’aurai donc ici l’outrecuidance de citer les sept péchés capitaux de la critique qui sont tous des « péchés de confusion ».

  1. Confondre l’œuvre présente d’un créateur avec ce qu’il a fait avant : on peut légitimement estimer qu’un artiste qui a été l’auteur d’une œuvre superbe (ou nulle) peut, ensuite, s’être fourvoyé dans une nullité (ou un chef d’œuvre).
  2. Confondre un sujet et son traitement.
  3. Confondre un personnage et son interprète.
  4. Confondre l’habileté et la roublardise.
  5. Confondre le parler vrai et le faux naturalisme.
  6. Confondre la sympathie que vous inspirent un artiste et son talent véritable.

Et enfin, le corollaire immédiat du précédent

  1. Confondre ceux qui ont la carte (phénomène hystérico-parigo-bobo-branchouillo-téléramesque) avec ceux qui ont prouvé un sérieux savoir-faire.

« L’Œuvre » (un bien grand mot pour une bien petite chose !) présente a été l’occasion pour la critique quasi-unanime de se plonger avec délice dans les péchés 1, 2, 5 et 7.

Rabah Ameur-Zaïmeche en est à son quatrième film et le premier Wesh wesh, qu’est-ce qui se passe ? a fait, semble-t-il, grand bruit et forte impression. Est-ce une raison pour qu’il soit estampillé « grand artiste qui ne se trompe jamais » à vie ?

Qui plus est, RAZ (c’est ainsi qu’on appelle en signe d’affectueuse admiration. Mais il devrait se méfier : quand on voit où en sont DSK et BHL, on est en droit de se poser des questions !) joue dans tous ses films. Peut-être est-il formidable dans ses autres films, mais ici, il s’octroie pratiquement le rôle principal (celui de Bélissard) et il est mauvais de bout en bout, comme, du reste, l’intégralité de la distribution.

Le seul comédien professionnel dont « RAZ » se soit payé les services, c’est Jacques Nolot, comédien éminemment fin et sympathique, mais qui peut devenir assez mauvais lorsqu’il n’est pas dirigé par un grand, genre André Téchiné.

La scène grotesque où il débite, en parlant, la chanson de Mandrin est un (très) long moment de (très) mauvais cinéma, mal filmé (son papa, décédé en 2010, aurait pu expliquer à Irina Lubtchansky que dans un champ/contrechamp, la lumière doit changer de côté entre le champ et le contrechamp, ce qui explique que, dans un bon découpage, un champ/contrechamp ne se fasse jamais à 180°) et où cette très belle chanson (anonyme du 18ème siècle) paraît franchement interminable, débité comme on devait le faire dans les années 70, en première année de classe de tragédie du conservatoire d’Art Dramatique de Saint Pompon-lés-Vaches.

Le pauvre Mandrin, mort sur la roue à Valence en 1755, ne méritait certainement pas cet affront post-mortem.

On se prend à penser aux superbes Camisards de René Allio en 1972 et s’il n’y avait, entre autres, le très beau Jeanne captive de Philippe Ramos, on pourrait penser que le film historique a salement régressé depuis 40 ans.

Evidemment, les critiques sont tombés à bras raccourcis sur le film de Ramos qui devrait vraiment s’arranger pour avoir la carte, lui aussi. Comme RAZ…

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