samedi 9 septembre 2023

Les Suffragettes

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Suffragette (Les Suffragettes) de Sophie Gavron (2015)

Maud Watts travaille dans une laverie industrielle, dans l’East End crasseuse du Londres de 1912. Elle est mariée à Sonny et a un petit garçon, George.

Depuis quelques temps, Londres est le cadre d’attentats : des femmes lancent des pavés dans des vitrines ou jettent des bâtons de dynamite dans les boîtes à lettres.

Ces femmes revendiquent le droit de vote et sont menées par Emmeline Pankhurst, la passionaria des « suffragettes », nom méprisant que leur ont donné les hommes, mais qu’elles revendiquent.

Après quelques rencontres, notamment avec Edith Elyn, militante pure et dure, Maud devient « suffragette » à son tour.

Un grand nombre de pays accordèrent le droit de vote aux femmes à la fin de la « grande guerre », en 1918.

Ceux des pays d’Europe qui ne l’avaient pas fait à ce moment-là, le firent à la fin de l’autre guerre, en 1944-45.

Bien entendu, il s’agissait d’accorder à celles qui avaient pris la place des hommes envoyés au front comme pour celles qui étaient au foyer, les mêmes droits de citoyenneté qu’à leurs congénères masculins. Mais dans la plupart de ces pays, si la femme devient électrice, elle n’est toujours pas éligible.

Avant la première guerre mondiale, au Royaume Uni comme dans la plupart des pays, la femme ne peut pas voter, mais elle est également considérée comme mineure aux yeux de la loi.

Elle ne peut obtenir un travail sans autorisation de son « seigneur et maître » et n’a aucun droit sur ses enfants. Elle doit obéissance à son mari et un constat d’adultère peut être dressé contre elle n’importe où, alors qu’il ne peut être établi, pour un homme, que dans le lit conjugal.

Dans ces conditions, on peut estimer que la lutte des femmes pour leur indépendance et pour que leurs voix soient entendues (via les urnes) a été âpre, dure, dangereuse et pouvait, au moins à ses débuts, sembler désespérée.

Et c’est entièrement là-dessus que joue Sarah Gavron : elle mélange des faits réels (Emmeline Pankhurst poursuivie par la police, Emily Davison morte écrasée par le cheval du roi George V lors du Derby de 1913) et des faits fictifs comme tous les malheurs qui s’abattent sur la tête de Maud Watts.

C’est d’ailleurs à propos de ces « malheurs » que le bât blesse : ce qui aurait pu être un beau film militant devient gluant de pathos, un mélo accrocheur. Certes le père Hugo a écrit un chef d’œuvre du mélo qui est avant tout un chef d’œuvre tout court, mais dans Les Misérables, il y a le génie et le souffle hugolien. Ici, le regard désapprobateur des autres, la mise à la porte par son mari, la « vente » de son petit garçon ne sont que des péripéties qui desservent le propos politique pour le transformer en scènes ouvertement lacrymales et ce qui est excessif est sans valeur.

Le casting est excellent (Ben Whishaw, Anne-Marie Duff, Brendan Gleeson) dominé par Carry Mulligan (un peu trop larmoyante) dans le rôle de Maud et, surtout, la grandiose Helena Bonham-Carter dans celui d’Edith Elyn, sans oublier les 3 minutes à l’écran de Meryl Streep dans le rôle d’Emmeline Pankhurst. L’image est très belle et il ne manque pas un bouton de corset.

Mais tout cela est quand même très lourd.

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