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La Cordillera (El Presidente) de Santiago Mitre (2017)
Hernàn Blanco est le président de l’Argentine.
Il doit participer à un sommet qui regroupe tous les chefs d’état d’Amérique latine dans un hôtel chilien de la Cordillère des Andes.
Mais juste avant le sommet, il est rattrapé par une affaire de corruption de la part de son ex-gendre.
D’autre part, sa fille, psychologiquement fragile, a un comportement agressif : elle déteste son père et va jusqu’à le traiter d’assassin lorsqu’elle apprend la mort de son mari, une mort apparemment naturelle.
Et au milieu de tout ça, Blanco doit naviguer au milieu des intrigues fomentées principalement par le président mexicain et le président brésilien, sans oublier, bien sûr, les manœuvres en sous-main des barbouzes américaines.
La mise en scène est somptueuse.
L’hôtel, niché sur un piton rocheux de la Cordillère chilienne nous plonge dans les arcanes du pouvoir et l’univers totalement aseptisé de cet hôtel somptueux vu de l’extérieur, mais particulièrement morne à l’intérieur. C’est un peu l’anti-Grand Budapest Hotel de Wes Anderson où on avait déjà la montagne neigeuse qui soulignait l’isolement et l’inaccessibilité.
Ici, nous avons les routes en lacet que les longues limousines ont bien du mal à négocier, l’atmosphère ouatée où des chefs d’état peuvent tenir des conciliabules loin des veilles et des micros indiscrets où les voix étouffées par la neige peuvent aussi être amplifiées par l’écho.
Et puis, tout à coup, la violence débarque avec la chaise d’une chambre de l’hôtel qui passe à travers la fenêtre pour atterrir dans la neige.
Marina, la fille du président, ne fait pas partie du cénacle. Elle n’a pas « les bonnes manières » et c’est là qu’on se dit que c’est peut-être dommage d’en avoir fait une « malade mentale ».
Car cette très belle mise en scène est malheureusement mise au service d’un scénario un peu lacunaire.
Ne pas surligner les informations, c’est souvent une obsession dans le cinéma moderne. Et pour ne pas surligner, on néglige, tout aussi souvent, de donner l’information.
Pourquoi Marina traite-t-elle son père d’assassin ? À cause du décès récent, semble-t-il, naturel de son mari ou à cause d’une affaire plus ancienne ? On ne sait pas et on ne saura jamais.
Si on ajoute à ça le sommet des chefs d’état où chacun se situe à une place qui lui est, d’entrée, assigné dans un ballet diplomatique qui peut sans doute être facilement décodé par un public sud-américain, mais, hélas, plus difficilement par nous, on flotte dans une sorte de nébuleuse d’autant plus énigmatique que la mayonnaise ne prend pas vraiment entre les turpitudes personnelles et familiales du président et le drame politique qui est en train de se jouer.
C’est bien dommage, car entre un casting impeccable dominé par le grand Ricardo Darin et cette mise en scène inspirée, il y avait matière à un très beau film si le scénario avait été, lui, plus travaillé.
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