mardi 6 août 2024

Champ de batailles

 

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Champ de batailles (2016) d’Edie Laconi

Lydilie Maillard et Milena Lallinec vivent avec leurs enfants dans un centre parental.

La première a un petit garçon de huit mois et son compagnon est en prison.

La deuxième a deux petites filles de 3 ans et 18 mois et leur père est également incarcéré.

L’obsession des deux jeunes femmes, c’est qu’on leur enlève leur(s) enfant(s), qu’il(s) soi(en)t placé(es)

Comme a été placé, en famille d’accueil et l’enfant de Sylvain Herbline qui vient voir son père  « en visite », accompagné par une assistante sociale.

« Elle essaya de vivre et n’y fut pas habile,

La misère est plus dure à qui ne comprend pas []

Elle ne savait pas, et vous devez me croire,

Qu’un enfant, ça diffère un peu d’une poupée… »

Bien sûr, Lydilie et Milena, contrairement à la Rose d’Anne Sylvestre, savent très bien que leurs enfants « diffèrent d’une poupée », mais ce sont de toutes jeunes femmes qu’un passé, on pourrait même dire un passif, un peu compliqué a fait plonger et qu’une grossesse (deux grossesses dans le cas de Milena) n’a certes pas arrangé.

Mais le gros problème qui nous interpelle pendant la projection de cet excellent film, c’est le jugement que toutes les femmes des services sociaux (il n’y a que des femmes dans le film) portent sur les deux femmes, un jugement peu amène, même si les admonestations sont faites sur un ton doux, quelquefois doucereux.

Quelques puissent être leurs maladresses, on est choqué de voir une toute jeune femme, presqu’une enfant qui a peur qu’on lui « retire » son fils, son bébé, simplement parce qu’on « estime » qu’à huit mois le petit garçon devrait se tenir assis. Lydilie se cabre, s’énerve et on a un peu peur de la voir déraper devant une assistante sociale dont on se demande quel est réellement le rôle puisqu’elle n’essaie même pas de rassurer et de calmer.

Et lorsque Milena s’écroule en larmes, les assistantes n’interviennent pas plus !

Edie Laconi a adopté le parti-pris de ne pas nous livrer le « background » des trois « héros », ce qui est une option intéressante. Mais l’inconvénient, c’est qu’on ne comprend pas tout : on comprend que Milena a connu la prison, c’est moins sûr pour Lydilie, mais ce qu’on comprend, c’est que leurs compagnons (et père de leurs enfants) est en prison. Celui de Lydilie la frappait.

Les plus mystérieux sont Sylvain et Stéphanie. Stéphanie semble assez indifférente alors que Sylvain est très impliqué. Du coup, on est amené à penser que Stéphanie n’est pas la mère de l’enfant. Il s’agit plutôt d’un droit de visite accordé à un père qui n’a pas le droit de garde de son enfant. A ce niveau-là, on aimerait avoir un peu plus d’explication.

Mais la scène dans laquelle Sylvain fait le ménage à fond et sort les jouets de son fils qu’il va voir pendant deux petites heures nous submerge. Et la scène où il range les mêmes jouets après le départ de l’enfant est encore plus déchirante.

J’étais seul dans la salle lorsque j’ai vu ce film, alors que des merdes sur pelloche (même lorsque la merde en question est numérique !), remplissent les salles et je ne parle pas que des blockbusters.

C’est minable !

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