dimanche 2 juillet 2023

Cruising

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Cruising (La Chasse) de William Friedkin (1979)

(Paris-Première – 09/12/98)

Après le meurtre de plusieurs homosexuels, retrouvés poignardés, l’inspecteur Edelson, chargé de l’enquête, demande de Steve Burns, un jeune policier de se mêler aux milieux homosexuels de Greenwich Village.

 Steve commence son enquête en fréquentant les boîtes SM. Il sympathise avec les barmen qui lui donnent des indications précieuses sur les victimes des meurtres et ceux qui les ont fréquentés.

Le film avait déjà soulevé un véritable tollé dans les milieux homosexuels new yorkais lors de son tournage.

Taxé d’homophobie avant sa sortie, Cruising pue la production qui veut se montrer progressiste et profonde et qui, au fond, par stupidité ou, ce qui est pire, par roublardise, flatte les préjugés des crétins en nous servant, de manière feutrée, l’équation : homosexualité = sado-masochisme = violence = meurtre.

C’est plus réellement homophobe qu’une production qui serait ouvertement anti-pédé.

Quant au « trouble » du « héros » (« trouble » qu’il va tout naturellement évacué en « tirant un coup » avec sa copine), il est tellement téléphoné qu’on n’y croit à aucun moment.

Pour le reste, le film est ennuyeux et même si Al Pacino met tout son talent au service de ce scénario lent et répétitif, on se lasse vite de le voir déambuler d’une boîte cuir à l’autre.

C’est le type même de production qui, sous prétexte de montrer un milieu « malsain », est « malsaine » dans sa très lourde démonstration de style, déjà en 1979, « politiquement correct ».

Petite parenthèse : 10 ans auparavant, Friedkin avait réalisé Les Garçons de la bande, une adaptation (la première) de la pièce de Mart Crowley qui traitait de l’homosexualité d’un point de vue qui serait qualifié de « gay friendly » de nos jours, mais ce qui était rare (et quelque peu « scandaleux ») à l’époque.

Quant à Al Pacino qui se brouilla avec Friedkin à la suite des « procès en homophobie » qu’on fit au film, il avait interprété cinq ans auparavant le rôle principal d’Un après-midi de chien de Sidney Lumet, l’histoire de Sonny Wortzik qui organisait un hold-up dans une banque pour pouvoir payer l’opération de son amant transgenre. Le hold-up virait à la prise d’otages et le film, un polar à l’origine, devenait un film politique qui revendiquait les droits de ce qu’on appelait pas encore la « communauté LGBTQA+ ». Ce rôle restera un des plus emblématiques de la carrière de Pacino.

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