jeudi 6 juillet 2023

Ce n’est qu’un début

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Ce n’est qu’un début (2010) de Jean-Pierre Pozzi et Pierre Barouzier

A La Mée-sur-Seine, dans une ZEP de Seine et Marne, Pascaline, maîtresse en classe expérimentale à l’école d’application Jacques Prévert, a mis en place un atelier de philosophie.

Ce qui est très particulier, c’est qu’il s’agit d’une classe de maternelle et les « étudiants » ont entre quatre et cinq ans.

Au-delà des amusants mots d’enfants, une véritable prise de conscience citoyenne se révèle chez ces tout jeunes « écoliers ».

 "Est-ce qu'il est vraiment logique, alors que nous sommes si soucieux de la bonne utilisation des crédits de l'Etat, que nous fassions passer des concours à bac + 5 à des personnes dont la fonction va être essentiellement de faire faire des siestes à des enfants ou de leur changer les couches ?".

Ce n’est pas le jugement d’un gros beauf aviné ou d’un journaliste de TF1 sur les institutrices de maternelles, mais ceux d’un ministre gros beauf sarkozien (ce qui est, j’en conviens pléonastique), à savoir le crapoteux Xavier Darcos. Et c’est très exactement la phrase qu’on entend à la fin du générique de ce film qui va nous prouver, si besoin en était, pendant une centaine de minutes l’imbécillité patente de ce jugement à l’emporte-pièce du sarkosisme triomphant.

Ici, tout est, naturellement, dans le montage de rushes qu’on imagine très nombreux et très longs. Certain(e) critique ont fait la fine bouche en prétendant que c’était « très modeste d’un point de vue cinématographique ». Toutefois, ladite critique d’ajouter, ce qui n’est pas faux, « Bref, le genre de choses qu’on aimerait voir à la télé ».

Ce qui n’aurait pu être qu’une exhibition de singes savants avec bons mots charmants (et souvent cul-culs) se révèle être un vrai documentaire. Les enfants n’ont rien d’exceptionnel, mais ils nous apprennent pas mal de choses ou plutôt nous font revenir en mémoire des choses que nous avons su et pensé, mais que le temps nous a fait oublié.

Ces enfants sont drôles, attendrissants, mais surtout d’autant plus émouvants qu’ils nous renvoient à ce que nous étions. De quoi comprendre les enfants : n’est-ce pas ce qu’on appelle la pédagogie, monsieur Darcos ?

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