jeudi 13 juillet 2023

Doux oiseau de Jeunesse

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Sweet Bird of Youth (Doux oiseau de Jeunesse) de Richard Brooks (1961)


Chance Wayne revient dans la petite ville de Floride où il est né. Il accompagne une star de cinéma sur le déclin, Alexandra Del Lago, droguée et alcoolique.

Il revient chercher son grand amour de jeunesse, Heavenly Finley, fille du potentat local, gros industriel et homme politique vieux, sournois et tyrannique. Chance en est à son troisième retour.

Comme chaque fois, il espère pouvoir emmener Heavenly avec lui et, cette fois, il compte profiter des largesses et de l'influence d'Alexandra dont il se fait passer pour le protégé, alors qu'il n'est que son chauffeur et son amant, occasionnel dans les deux cas.

Tennessee Williams fait partie de ces dramaturges, terriblement américains, qui tirent profit du puritanisme de leur pays (après en avoir sans doute beaucoup souffert).

Et ici, on peut dire qu'il met le paquet : alcoolisme, drogue, chantage, avortement, magouilles électorales, sadisme, rien ne nous est épargné. On peut dire que Williams a « chargé la mule » et c'est long, outrancier et ridicule.

De tous les personnages, aucun ne vaut la peine qu'on s'y arrête : c'est une galerie de pleutres, d'égocentriques, de sadiques et de tartes molles en tous genres, odieux, féroces, ridicules pitoyables, tous parfaitement antipathiques.

C'est du Tennessee Williams hypertrophié qui ressemble à de la caricature de Tennessee Williams. Madeleine Sherwood, dans un rôle trop bref, est parfaite et surprend tant son personnage est aux antipodes de celui de la "belle-sœur pondeuse" de La Chatte sur un toit brulant. Et Geraldine Page est grandiose dans son rôle de star déchue : on pense à un mélange de deux personnages, Carlotta (Cyd Charisse) et la femme de Kruger (Claire Trevor)  dans un autre film moins prétentieux, mais beaucoup plus efficace et se situant, qualitativement parlant dans un autre monde, Quinze jours ailleurs de Vincente Minelli.

Pour le reste, l'interprétation est affligeante, elle aussi, hypertrophiée : tout le monde surjoue, y compris et surtout Paul Newman qu'on n'a jamais vu aussi mauvais. Au passage, il serait temps d'en finir une bonne fois pour toute avec cette abomination qu'on appelle "Actor's Studio" où le pire cabotinage le dispute à l'hystérie, à peine tempérée par une phonation approximative destinée à se donner un air dégagé.

Bref, le trio Brooks/Newman/Williams qui avait fait merveille dans La Chatte sur un toit brulant se ramasse lamentablement ici.

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