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Les Invisibles (2018) de Louis-Julien Petit
Manu dirige « L’Envol », centre d’accueil « de jour » pour femmes SDF. Elle est aidée par Angélique, une jeune femme arrivée d’Afrique quelques années auparavant que Manu a recueillie et par Audrey qui est, comme elle, assistante sociale.
Hélène les a rejoint depuis peu : issue de la bourgeoisie, elle ne veut plus jouer les potiches et les boniches pour son « connard de mari » et ses enfants, adolescents crétins, boutonneux et pourris.
Mais suite à une décision municipale, l’Envol va fermer dans trois mois.
C’est donc le temps qui leur reste pour insérer dans la société les femmes déclassées dont elles s’occupent.
Et pour ça, tous les coups sont permis.
En 2013, Louis-Julien Petit réalisait Discount dans lequel les prolos créaient pour d’autre prolos une structure, en l’occurrence un supermarché « discount » qui leur permettait d’offrir à prix « très » cassés de quoi manger à ceux qui, peu ou prou, étaient dans la même merde qu’eux.
Ici, la « structure » est « officielle », mais elle n’en est pas moins fragile bien que subventionnée !
Car dans notre beau pays, il est plus aisé de truander le fisc que de faire dormir « clandestinement » des SDF dans un centre d’accueil « de jour ».
Ici, en dehors des quatre « travailleuses sociales », les « stars » s’appellent Lady Di, Brigitte Macron, Brigitte Bardot…
Quand je dis qu’ « elles s’appellent », c’est stricto-sensu, car ce sont elles-mêmes qui se sont « rebaptisées » ainsi.
Les héroïnes sont donc ces quatre « passionaria » dont, au bout du compte, le film ne nous dit qu’un minimum indispensable et suffisant.
Le plus « discret » de ces personnages, c’est Manu, la « cheffe », dont le rôle est assez réduit mais, bien sûr, marqué par son interprète, la grande (dans tous les sens du terme) Corinne Masiero. Et cette discrétion lui va tout autant (et peut-être même plus) que l’exubérance du capitaine Marleau.
En revanche ses trois « collègues » ont des rôles nettement plus développés. Audrey Lamy revient dans un grand rôle bien loin – lui aussi !- de sa cagole télévisuelle, car Audrey est le personnage autour duquel tourne le film.
Juste après, il y a Hélène à qui Noémie Lvosky prête sa douce obstination et qui vient de réaliser qu’elle préfère se mettre au service de pauvres gens qu’elle ne connait pas plutôt qu’à celui d’un mari bourgeois et méprisant et d’enfants qui la considèrent comme une boniche.
Angélique est la pragmatique du groupe et Déborah Lukuména met dans la balance sa gouaille, son humanité et, surtout, son talent au service de ce personnage discret mais tellement important.
Supérieur à Discount, Les Invisibles, tout invisibles qu’ils sont, sont inoubliables et leur superbe sortie « cannoise » de la fin du film dans laquelle le tapis rouge est remplacé par un « chemin de matelas » reste gravée dans toutes les têtes.
Car le matelas, après tout, c’est le domicile du SDF !
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