mercredi 7 septembre 2022

Les Promesses

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Les Promesses (2022) de Thomas Kruithof

Clémence Collombet est maire d’une ville de Seine-Saint-Denis. Son mandat est presque terminé et elle veut, avant la fin de ce mandat, mener à bien une des entreprises qui avait été une de ses premières promesses de campagne : sauver une cité du délabrement complet et éradiquer les trafiquants et les marchands de sommeil.

Elle est assistée pour ça de son directeur de cabinet Yasib qui est né dans la cité en question.

Elle est presque sûre d’être réélue, mais « en haut lieu » on lui propose un poste de ministre.

Tout le monde connaît aujourd’hui (plus qu’hier et sans doute moins que demain) les turpitudes du monde politique et toutes les manœuvres politicardes à l’intérieur même d’un parti politique selon le fameux précepte : « Mon Dieu, protège-moi de mes amis, mes ennemis je m’en charge ! »

La date de sortie d’un film n’est pas toujours due au hasard, ni à des contingences cinématographiques et/ou économiques.

Le fait que ce film-ci soit sorti un peu moins de 3 mois avant l’élection présidentielle et de 5 mois avant les législatives ne peut pas être le fait du hasard.

Certains ont affirmé péremptoirement que, dans ce film, « il n’y [avait] pas de mise en scène ». Ce genre de cuistrerie a toujours eu le don de me faire bondir !

Stricto senso, le plus nul des nanars est mis en scène : quelquefois, à minima, sans talent, sans imagination, sans vision, certes, mais il y a toujours une mise en scène. La caméra est placé ici, le cadre est celui-ci, les acteurs sont dirigés, tel séquence est montée avant telle autre et après telle autre.

Et ici, il y a une mise en scène comme il y en a quelquefois (et souvent pas assez, du reste), une mise en scène qui s’efface devant le sujet, qui ne fait pas les pieds au mur et qui agit pour délivrer son message.

Godard (qui a dit énormément de conneries !) a dit (et là, c’était juste !) : « un travelling est affaire de morale », cette maxime qui sera reprise par Jacques Rivette dans le cadre de cette polémique très curaillonne à propos du Kapo de Gillo Pontecorvo. Le travelling symbolise ici tout mouvement, tout cadre et tout emplacement de caméra par rapport à son sujet.

Il faut donc tordre le cou à cette formule très répandu chez tous les critiques de films : « Il n’y a pas de mise en scène », formule stupide et sans aucune signification !

Ici, on suit Clémence et Yasif un peu comme de « vrais » candidats se font suivre dans ces documentaires qui tiennent lieu de journal de campagne dont le premier fut celui de Raymond Depardon en 1974 sur la campagne de Valery Giscard d’Estaing et devenu depuis le passage obligé pour tout candidat.

L’ensemble du casting est un sans-faute, dominé, bien sûr, par Isabelle Huppert et Reda Kateb.

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