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Life is Sweet (1990) de Mike Leigh
Dans une sinistre banlieue anglaise, Andy habite un pavillon avec sa femme Wendy et leurs deux filles jumelles, Nicole et Nathalie. C’est Wendy qui dirige comme elle peut tout son petit monde. Et puis, il y a Patsy, le copain d’Andy, un peu escroc, et Aubrey, le brave copain qui va ouvrir son restaurant français, le « Regret Rien » (Sic !).
La première réaction, c’est « Y’en a marre des chroniques misérabilistes sur les rejetés du Thatcherisme ! » surtout lorsqu’on lit certains commentaires sur ce film que des critiques, aussi stupides que peu avisés (si, si, ça existe !), collent indifféremment, à la virgule près, à Raining Stones, The Snapper, Life is Sweet ou plus généralement à leurs réalisateurs respectifs : or, le premier est un curé trotskiste, le deuxième un chroniqueur acide et le troisième un chroniqueur révolté.
A la tendresse pour les personnages, le premier préfère une commisération dédaigneuse. C’est cette tendresse qui emporte l’adhésion chez les deux autres : comme chez Frears, Life is Sweet oscille sans arrêt entre l’attendrissement et l’humour.
Ces trois nénettes, avec leurs voix de pipistrelles, et ce mari crétin et alcoolique, on les aime comme s’ils étaient de chez nous. Et ce gros couillon d’Aubrey, si désespérément seul : et sa fille de cuisine qui doit rire chaque fois qu’elle se brûle et qui se laisse rudoyer par ce patron qu’elle refuse d’abandonner alors qu’il a noyé l’échec de son restaurant dans le vin.
On les aime parce que la caméra de Mike Leigh se fait discrète et ne juge pas, effleure sans insister (rien à voir avec l’enclume de Loach), les comprend et participe.
Si ça peut agacer pendant la première demi-heure, ça vous accroche pendant la deuxième et ça ne vous lâche plus jusqu’à la fin.
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