dimanche 14 décembre 2025

Charlie Chan à Shanghaï

 


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Charlie Chan in Shanghai (Charlie Chan à Shanghaï) de James Tinling (1935)


Dans le bateau qui l’amène à Shanghaï, le détective Charlie Chan reçoit une lettre anonyme nettement menaçante.

Lors de la réception que lui a préparé Lord Stanley Woodland est victime d’un meurtre avant d’avoir pu dévoiler à Charlie Chan la raison de son invitation. Le détective enquête sur la mort de son ami.

La nuit-même, il est victime d’une tentative d’assassinat et le jour suivant, il est enlevé. Il parvient à s’échapper grâce à son fils.

9ème des 39 opus des aventures du détective chinois, Charlie Chan in Shanghai est bien supérieur au précédent Charlie Chan in Egypt. Bien que datant de la même année, le son en est moins crachouillant et l’image beaucoup plus soignée. Mais en dehors de ces considérations purement techniques (peut-être dues, je le reconnais à la copie visionnée), nous avons ici une mise en scène et, surtout, un montage réellement professionnel (ce qui n’était pas le cas dans le film précédent).

L’argument, le scénario et le rythme sont ceux d’une série B du meilleur cru. Mis à part Warner Oland, l’interprétation n’a rien de sublime, mais cela fait partie, aussi de la règle du jeu. Et puis, on voit bien pire dans les séries télé et autres téléfilms.

dimanche 7 décembre 2025

Stavisky

 


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Stavisky (1974) d’Alain Resnais


Alors que le cartel des gauches est au pouvoir, Sacha Alexandre, qui avait commencé sa carrière sous son vrai nom, Alexandre Stavisky, escroque à tout va et vit comme un prince entre l’ambiance feutrée du Claridge et l’excitation des casinos de Biarritz et de Cannes. Il a corrompu la police et l’administration. Il est fêté et sa femme Arlette est adulée.

Mais les finances de « Sacha » s’épuisent et il espère regagner une fortune grâce à l’émission de faux bons de caisse du Crédit Municipal de Bayonne. Il est prêt également à servir d’intermédiaire pour le compte d’un aristocrate espagnol entre les finances mussoliniennes et les nationalistes espagnols qui veulent renverser la toute jeune république.

Boulli, l’homme de confiance de Sacha, le met en garde contre ses « imprudences » qui pourraient bien provoquer sa chute dans le plus retentissant des scandales.

D’aucuns furent surpris que le réalisateur de Muriel ou de L’Année dernière à Marienbad ait réalisé ce film de « consommation courante » qui fait plus penser à La Banquière que Francis Girod réalisera huit ans plus tard qu’à Providence, le film suivant dans la filmographie de Resnais, daté de 1977.

Pourtant, il ne faut pas oublier que Resnais ne fait pas partie des réalisateurs de « style monolithique ». Le talent de certains cinéastes passe par une uniformité de style qui peut, ou non, aller jusqu’à une uniformité de scénario.

Le style des films de Fellini a subi une certaine évolution, mais il est resté le même. Le style de Visconti, à partir de Senso, celui de Godard, celui de Huston, celui de Ford, celui de Welles, celui d’Hitchcock – et on pourrait en citer des centaines d’autres – sont uniformes.

A l’inverse, Stephen Frears, Clouzot, Duvivier, Curtiz, Mankiewicz même, ont adopté des styles différents qui contribuent, paradoxalement, à l’unicité de leur œuvre. Resnais fait partie de cette deuxième catégorie.

Rien d’étonnant donc, à ce que ce cinéaste ait pu avec un bonheur assez exceptionnel passer de Je t’aime, je t’aime à Providence, de Mon oncle d’Amérique à L’Amour à mort, de Mélo à Smoking – No Smoking.

Mais ce bonheur n’atteint pas Stavisky. Le scénario très surestimé de Jorge Semprun est passe-partout, bâclé et sans intérêt. Le choix de Jean-Paul Belmondo dans le rôle-titre est peut-être la grande erreur : Bebel était alors une super-star qui avait la réputation de faire la pluie et le beau temps sur ses tournages et il est plus que probable que Resnais manquait de liberté. Anny Duperrey, François Périer, Charles Boyer, Claude Rich et Michael Lonsdale ont beau être bons (mais ceux-là peuvent-ils être mauvais !?), l’ensemble de cette entreprise est rendu improbable par une indigence généralisée.


dimanche 30 novembre 2025

Charlie Chan en Egypte


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Charlie Chan in Egypt (Charlie Chan en Egypte) de Luis King (1935)


Peu après qu’il a eu découvert la tombe du pharaon, le professeur Arnold, célèbre égyptologue, a disparu. Sa fille Carol demande à Charlie Chan, venu en Egypte chercher les objets trouvés dans les tombes pour le compte d’un musée français, de retrouver son père.

 

Mais c’est le cadavre du savant que Charlie Chan retrouve dans le sarcophage de la momie du pharaon.

Earl Derr Biggers avait écrit une série de nouvelles dont le héros était un détective chinois parlant un anglais assez « petit nègre » et citant Confucius tous les trois mots. La Twentieth Century Fox acquit les droits du personnage et ne réalisa pas moins de 27 films entre 1931 et 1941. La Monogram reprendra le flambeau de la Fox en produisant 12 Charlie Chan entre 1944 et 1949.

Dans les quinze premiers films de la série, c’est un comédien d’origine suédoise, Warner Oland, qui interprète ce détective chinois plus chinois que nature. Après sa mort en 1937, Sydney Toler prît le relais pour les 21 films suivants, puis Roland Winters pour les trois derniers. On peut mentionner le personnage de monsieur Wang, parodie de Charlie Chan dans Murder by Death (Un cadavre au dessert) de Neil Simon, interprété par Peter Sellers dans la version cinéma de cette pièce réalisée par Robert Moore en 1976.

Charlie Chan est typiquement le genre de série qui nous rappelle que le terme « Série B » ne se réfère nullement à un quelconque manque de qualité, mais à certaines productions se caractérisant principalement par l’absence de vedettes, un scénario vite écrit et une réalisation vite tournée, le tout par de bons artisans ou des débutants, et, surtout, une durée n’excédant pas 70 minutes puisque le terme « Série B » se traduit dans ce cas précis par « Double Feature », films de double programme.

Ici, Charlie Chan ne cite Confucius qu’une fois, mais son air matois et son sabir invraisemblable font merveille et son excessive courtoisie est d’autant plus drôle qu’elle rencontre ici les « salamalecs » d’un policier égyptien.

Bien qu’un peu daté, le film possède un charme indéniable sur le thème rebattu de la pseudo-malédiction de la momie cachant les visées mercantiles d’un assassin bien réel.

jeudi 27 novembre 2025

Une belle fin


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Still Life (Une belle fin) de d’Uberto Pasolini (2012)

John May est fonctionnaire dans un service un peu particulier : c’est le service qui s’occupe de chercher pour des personnes récemment décédées, visiblement isolées, des proches, parents ou amis qui pourraient hériter et, surtout, assister aux funérailles.

Souvent, il s’y retrouve seul mais il tient à y être s’il n’y a personne d’autre et, armés de deux ou trois CD, il fait passer une musique qui lui semble appropriée avant l’éloge funèbre qu’il a lui-même rédigée.

Malheureusement, on lui reproche d’être un peu trop tatillon et de faire preuve d’un peu trop de conscience professionnelle. Et on lui annonce la disparition prochaine de son poste.

Un jour, sur son bureau, il trouve un nouveau dossier : le décédé est Bill Stocke, un de ses voisins.

23 avril 2015 – rédigé le 4 mai 2015

De la confiture pour un cochon !

La confiture, c’est le film et, j’ose le dire, le cochon, c’est moi !

Une belle fin est un film émouvant, sagement réalisé (un peu trop peut-être !) et remarquablement interprété, non seulement par Eddie Marsan, mais par l’ensemble de la distribution.

Et la fin du film nous fait penser au fameux Petit cheval blanc de Paul Fort, immortalisé par Brassens.

Peut-être le plan-séquence final est-il un peu « trop » !

Mais tout le reste est impeccable, enfin, à ce qu’il m’a semblé lorsque je réussissais à ne pas dormir : voilà le pourquoi du cochon cité plus haut !

Du coup, une deuxième projection s’impose !

11 mai 2015 – rédigé le 22 mai 2015

Deux semaines plus tard, je suis donc retourné voir ce si joli film que j’avais si mal vu.

Bien sûr, j’ai pu ainsi « combler les vides » de ma première (déplorable) vision.

En fait, l’expérience s’est avérée très intéressante. Par exemple, le plan de l’appartement de Kelly avec ce fauteuil dont l’un des pieds est remplacé par une pile de livres, très exactement comme chez son père, ce que je n’avais pas vu la première fois.

Et le dernier plan que j’avais trouvé un peu « trop », m’a ému beaucoup plus que je ne m’y attendais pour un film que j’avais déjà vu.

Alors, bien sûr, on peut estimer comme les critiques que tout cela est « platounet », « aussi rangé que le bureau de John May », mais pour une fois que des bons sentiments donnent autre chose qu’un médiocre navet écœurant de pathos, on aurait tort de bouder son plaisir.

mardi 25 novembre 2025

Charlie Chan at Treasure Island

 


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Charlie Chan at Treasure Island (1939) de Norman Foster

En provenance d’Honolulu, Charlie Chan et son fils Jimmy rentrent à San Francisco. Alors que leur hydravion survole « Treasure Island », le grand parc d’attraction de la ville, leur ami Paul Essex, auteur à succès de romans policiers, meurt peu après qu’il leur a annoncé fièrement l’achèvement de son dernier roman et surtout après qu’il a reçu un télégramme le menaçant de mort où il est question de « Zodiaque ».

 

Or, Zodiaque est le nom d’un magicien à la mode, un spirite adulé par les uns et accusé par les autres d’être un escroc. Parmi ces détracteurs, le magicien Khadini et le journaliste Pete Lewis vont aider Charlie Chan à établir clairement le rapport qui existe entre ce « professeur » Zodiaque et la mort de Paul Essex.

Depuis l’année précédente, Sidney Toler a succédé à Warner Oland dans le rôle du détective chinois né sous la plume d’Earl Derr Biggers. Des « Serials » du muet au « Sequels » actuelles, de Fantomas ou Fu-Manchu à James Bond, il n’a jamais été facile pour un acteur de prendre la relève d’un collègue dans le rôle d’un héros à succès, surtout lorsque celui-ci a atteint une forte côte de popularité et tout particulièrement lorsque cette succession s’est faite à la suite du décès du titulaire du rôle (ce qui est la cas ici).

Sidney Toler, plus rond et moins « Chinois » que le Suédois Warner Oland, s’en tire plutôt bien. Mais on peut facilement imaginer qu’il eut du mal à s’imposer auprès du public, même si, avec ses 21 films, Toler aura été, des trois comédiens qui ont interprété Charlie Chan, celui qui a le plus endossé le costume du célèbre détective (Warner Oland a tourné 16 Charlie Chan et Roland Winters succédera à Toler pour les 6 derniers films de la série). Entretemps, la petite Monogram succèdera à la « Major » Twentieth Century Fox à la suite de l’essoufflement de ladite Fox sur cette série.

Mais nous sommes encore ici dans la bonne période, celle des séries B parfaitement maîtrisées par des vieux routiers d’Hollywood sur un scénario au cordeau et aux rebondissements savamment dosés. La distribution, comme toujours très homogène, est excellente bien que constituée d’acteurs aujourd’hui inconnus si l’on excepte, dans le rôle du magicien Rhadini, Cesar Romero qui deviendra un spécialiste des rôles de play-boys latinos plutôt veules ou carrément méchants. Il sera, entre autres, le jouet de Conchita dans la version de Sternberg de La Femme et le pantin avec Marlene Dietrich.

lundi 24 novembre 2025

Hypnose

 


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Stir of Echoes (Hypnose) de David Koepp (1999)

Tom Witzky est ouvrier et habite avec sa femme et son fils à Chicago. Le fils de Tom s’entretient fréquemment avec une interlocutrice que personne ne voit.

Lors d’une soirée, sa belle-sœur hypnotise Tom. A partir de ce moment, Tom est hanté par des images très violentes auxquelles il ne comprend rien. Un soir, sur son canapé, il voit Samantha qui est précisément l’interlocutrice de son fils.

Il s’agit d’une jeune fille qui a disparu depuis six mois et que tout le monde pense fugueuse.

Le comportement de Tom semble de plus en plus étrange à son entourage et tout particulièrement à sa femme.

On sent une certaine ambition à la  base. Le scénario accumule les détails censés avoir une certaine importance (la grossesse de la femme de Tom, les visions de l’enfant, le flic médium…) et qui seront abandonnés en cours de chemin. Certaines pages du scénario semblent avoir été perdues. Plus vraisemblablement, le scénario se perd lui-même pour aboutir à un dénouement d’une banalité affligeante.

Si on ajoute une réalisation molle qui se donne des airs à l’aide d’une bande son excessivement agressive et désagréable, on se retrouve avec un banal téléfilm à prétention fantastique. Kevin Bacon et Illeana Douglas sont très bien.

dimanche 23 novembre 2025

Charlie Chan aux courses

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Charlie Chan at the Race Track (
Charlie Chan aux courses)

de H. Bruce Humberstone (1936) (Ciné-Classics – 05/08/01 - V.O. Stf – 67mn - HiFi-Idx – NB)

Lors d’une course de chevaux à Melbourne, la cheval Avalanche, qui devrait gagner, commet une faute : il est disqualifié. Mais cette faute a été provoquée par le jockey qui, pour cela, a été corrompu par un gang.

 

Sur le bateau qui ramène les chevaux vers les Etats-Unis en vue du handicap de Los Angeles, le major Kent, un ami de Charlie Chan, est assassiné. De plus, des lettres anonymes menaçantes sont envoyées à toutes les personnes concernées par les courses de chevaux. A la faveur d’un incendie criminel, Avalanche est échangé contre un autre cheval, ce que Charlie Chan soupçonne tout de suite.

Plus on avance, plus la série se bonifie. H. Bruce Humberstone est ici au commande. Excellent réalisateur de série B pour la Fox, il imprime à cet épisode un rythme et une élégance qui n’étaient pas toujours évident dans les films précédents. De plus, au bout de 12 films, la série a trouvé son rythme de croisière.

On retrouve ici, outre, naturellement, Warner Oland dans le rôle-titre, Thomas Beck, déjà jeune premier dans Charlie Chan in Egypt, et John H. Allen fait une prestation plaisante, mais assez convenue, de « nègre » geignard et peureux, personnage assez récurrent dans les films de ce type à cette époque-là. Le scénario est moins simpliste que dans les précédents et la qualité technique n’a rien à envier aux séries A.

Stoker

 


Stoker
(2013) de Park Chan-wok

 Evelyn Stoker vient de perdre son mari dans un accident de voiture. Leur fille India, vit très mal la mort de son père et, sans raison apparente, elle en veut à sa mère.

Le jour de l’enterrement, Charles Stoker débarque : Charles était le frère du défunt, mais personne ne le connait.

India se méfie immédiatement de cet oncle tombé du ciel et au comportement inquiétant.

Le titre fait, paraît-il, allusion à l’auteur de Dracula. D’autres clins d’œil au roman de l’écrivain irlandais sont, toujours paraît-il, présents tout au long du film.

Bon ! Moi, je veux bien !

Mais j’ai plutôt tendance à penser à un film qui est, pour moi, un des plus mauvais d’Hitchcock, L’Ombre d’un doute qui est un pensum dans lequel le rôle du méchant ambigu est tenu par ce grand benêt de Joseph Cotten, ce qui n’arrange évidemment pas les choses !

Ici, au niveau de l’interprétation, si Mia Wasikowska s’en tire plutôt pas mal dans le rôle d’India, Matthew Goode, l’inquiétant oncle Charles est aussi insipide que l’oncle Charlie d’Hitchcock tandis que Nicole Kidman semble avoir joué sous anxiolytique.

De plus, le film donne l’impression de penser très au-dessus de ses très modestes moyens. Bref, c’est un produit insipide, long et prétentieux, fort heureusement vite oublié.

samedi 22 novembre 2025

Charlie Chan at the Wax Museum

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Charlie Chan at the Wax Museum
(1940) de Norman Foster

Stephen Mac Burney dont Charlie Chan a contribué à l’arrestation s’évade alors qu’il vient d’être condamné à mort. Il se réfugie au musée de cire du docteur Cream qui fut un fameux chirurgien esthétique et qui travaille encore pour la pègre.

 

Et c’est le docteur Cream qui va lancer un défi à Charlie Chan : lors d’une émission de radio retransmise depuis le musée de cire, il va revenir sur une ancienne affaire pour laquelle, selon lui, un innocent a été exécuté. Or, Mac Burney était mêlé à l’affaire et il compte bien tuer Charlie Chan au cours de la soirée.

Après Charlie Chan at the Wax Museum, l’essoufflement de la série entraîne le retrait de la Fox qui ne produira plus que quatre Charlie Chan. La Monogram prendra le relais, toujours avec Sidney Toler, puis avec Roland Winters pour les six derniers films.

L’impression que laisse ce Charlie Chan at the Wax Museum est assez mitigée : on y sent beaucoup plus que dans les précédents films, les contingences économiques propres aux séries B, notamment du fait d’un décor pratiquement unique. Paradoxalement, c’est ce décor unique qui donne un certain charme au film. Mais le scénario semble avoir été écrit à la va-vite et/ou « à la fainéante », basé sur une ancienne enquête du détective chinois dont on ignore tout, ce qui permet aux scénaristes des pannes d’inspiration censées passer inaperçues, mais qui marque bel et bien le déclin de la série.

Charlie Chan à l’Opéra


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Charlie Chan at the Opera (Charlie Chan à l’Opéra)

de H. Bruce Humberstone (1937)

Après avoir vu un article sur la diva Lilly Rochelle, un amnésique enfermé dans un asile psychiatrique assassine le gardien et s’enfuit. La police de Los Angeles le recherche activement et le chef de la police fait appel à Charlie Chan.

Lily Rochelle, affolée, va voir le chef de la police : elle a reçu des menaces de mort.

Le soir-même, c’est la grande première de l’opéra Carnival. Gravelle, une basse disparue lors de l’incendie d’un opéra, est l’amnésique recherché. Il était le partenaire de Lily Rochelle dans Carnival. Il est revenu reprendre sa place dans le rôle du diable.

Excellente cuvée que cet opus 12 des aventures du célèbre détective chinois. L’argument est franchement démarqué de notre Gaston Leroux national et de son Fantôme de l’Opéra. La similitude est encore accentuée par l’opéra Carnival d’Oscar levant qui se démarque, lui, de Faust, déjà présent chez Leroux. Quarante ans plus tard, Brian de Palma reprendra ces deux histoires mythiques en ajoutant un troisième mythe (Le Portrait de Dorian Gray) pour son fameux Phantom of the Paradise… devenu mythique à son tour.

Mais avec Charlie Chan, nous restons de plain-pied dans la série B. Warner Oland incarne le détective pour l’une des dernières fois et il y a, ici encore, plus d’humour que dans les films précédents de la série : le régisseur poursuit un Chinois (le fils de Charlie Chan) qui s’est caché parmi les figurants habillés en soldats et casqués. Lorsqu’il leur fait retirer leurs casques, ils sont tous Chinois. Un autre gag : le même régisseur déclare « Cet opéra aura lieu ce soir, même si Frankenstein lui-même arrive ! ». Et celui qui arrivera, c’est Gravelle, interprété par… Boris Karloff.

On sent d’ailleurs parfaitement que l’argument publicitaire du film à l’époque devait être « Charlie Chan contre Frankenstein ».

Une fois de plus, le rythme est vif, les personnages bien campés et, ma foi, tout cela est bien agréable.

jeudi 20 novembre 2025

The Strange Ones


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The Strange Ones (2017) de Christopher Radcliff et Lauren Wolkestein

Sam et Nick traversent le pays à bord de leur voiture.

Sam est un gamin de 10 à 12 ans alors que Nick est un jeune homme. Ceux qui les voient supposent qu’ils sont deux frères.

Ils fuient visiblement la société des autres et finissent par décider d’aller camper en forêt.

Ça aurait pu être bien !

Ce jeune adulte et ce garçon sont-ils frères (le jeune homme est trop jeune et le garçon trop vieux pour qu’ils soient père et fils) ? Sinon que sont-ils ?

Mais comme il ne se passe rien pour résoudre cette énigme, on se laisse porter en se demandant où tout cela va nous mener.

Et visiblement, les réalisateurs-scénaristes n’en savent rien non plus.

Alors tout ce qui nous reste, ce sont de très belles images de sous-bois, puisque la dernière partie du film se passe en forêt et c’est là qu’on aura les réponses aux questions qu’on ne se pose plus depuis une heure.

En plus des belles images, il y a la qualité du casting avec Alex Pettyfer et surtout James Freedson-Jackson le stupéfiant jeune Sam.

lundi 17 novembre 2025

Le Char et l’olivier, une autre histoire de la Palestine

 


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Le Char et l’olivier, une autre histoire de la Palestine (2019) de Roland Nurier

Fondée au 2ème siècle avant Jésus-Christ, la Palestine va connaître des siècles de domination ottomane.

Après la première guerre mondiale et le dépeçage de l’empire ottoman, la France et l’Angleterre se partagent les pays du Moyen-Orient.

Alors que les « Palestiniens » se sentent de plus en plus envahis par les Juifs sionistes venus du Mittel Europa pour fuir les pogroms, les Anglais gèrent le pays.

Après la deuxième guerre mondiale et la Shoah, l’Organisation des Nations Unies fonde l’État d’Israël sans vraiment se préoccuper du sort des Palestiniens.

 70 ans plus tard, la guerre dure toujours.

« Si j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël » dit David Ben Gourion avant d’ajouter : « C’est normal nous avons pris leur pays… Pourquoi devrait-il accepter cela ? »

Depuis 1897, Theodor Herzl, journaliste et écrivain austro-hongrois, prône la création d’un état juif en réponse à tous les pogroms qui éclatent depuis plus de dix ans dans les pays de l’est européen et en Russie.

La Palestine, sous mandat britannique, verra débarquer un certain contingent de ces Juifs qui ont fui l’Europe.

Un autre contingent arrivera dans les années 30 pendant la montée du nazisme en Allemagne et dans les pays fascistes. Les Britanniques empêcheront, dès lors, les Juifs d’atteindre la Palestine.

Mais après la guerre et la découverte de la Shoah, l’Organisation des Nations Unies sera bien obligée d’avaliser la déclaration de la « Création de l’État d’Israël » de David Ben Gourion qui ne se fera jamais d’illusion sur la possibilité d’un accord avec les Palestiniens comme le souligne sa déclaration déjà cité.

On peut considérer (et c’est ce qui apparaît tout au long des déclarations des témoins qui défilent tout au long de ce passionnant documentaire) que la vraie problématique du « conflit israélo-palestinien », c’est, en toute simplicité, le remplacement d’un peuple par un autre.

Et pour en arriver là, le gouvernement israélien actuel plonge très volontairement le pays dans une situation d’apartheid. Il suffit de regarder la fameuse série des quatre cartes de la Palestine (avant la création d’Israël, à la création d’Israël, après la guerre des six jours en 1967 et aujourd’hui) pour s’apercevoir que l’éradication pure et simple du peuple palestinien est, en fait, le but recherché.

Si on regarde bien ces quatre cartes, seules les deux premières sont légales au regard de l’O.N.U. qui a voté le 22 novembre 1967 la résolution 242 à la suite de la guerre des six jours, résolution qui exige, entre autres, le « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ».

Mais les États-Unis ont toujours opposé leur véto à une résolution qui serait tentée d’aller plus loin et ce n’est pas aujourd’hui (je veux dire, avec l’actuel locataire détraqué de la Maison Blanche) que ça va s’arranger.

Bien entendu, cet excellent film est très ouvertement propalestinien ce que les bonnes âmes afficionados du politiquement correct désapprouve, la bouche en cul de poule. Mais comme il est dit dans le film, les fans de Bachar El Hassad ne sont jamais invité comme contradicteur de leurs opposants. Pourquoi s’encombrer, dès lors, de l’avis des « oppresseurs » ? Il y a, du reste pas mal de Juifs dans les interviewés et ils sont tous membres de « l’Union Juive pour la Paix », organisation juive née en 1994 et farouchement opposée à l’occupation des territoires palestiniens dont le but est « une expression juive sur les conditions d’une paix juste au Proche-Orient ».

Et ce film nous rappelle avec force que, une fois de plus, un jeu d’alliances mal maîtrisé que ses artisans continuent à faire passer pour de la « réalpolitique », aboutit à une crise amorale sans fin dont le prix finira par être exorbitant pour les artisans en question.

Mais en attendant, ce sont les Palestiniens qui paient une facture qu’ils n’ont pas à payer, ces Palestiniens pour qui « Vivre, c’est déjà résister ! »