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Le Char et l’olivier, une autre histoire de la Palestine (2019) de Roland Nurier
Fondée
au 2ème siècle avant Jésus-Christ, la Palestine va connaître des
siècles de domination ottomane.
Après la première guerre mondiale et
le dépeçage de l’empire ottoman, la France et l’Angleterre se partagent les
pays du Moyen-Orient.
Alors que les
« Palestiniens » se sentent de plus en plus envahis par les Juifs
sionistes venus du Mittel Europa pour fuir les pogroms, les Anglais gèrent le
pays.
Après la deuxième guerre mondiale et
la Shoah, l’Organisation des Nations Unies fonde l’État d’Israël sans vraiment
se préoccuper du sort des Palestiniens.
70 ans plus
tard, la guerre dure toujours.
« Si
j’étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël » dit David Ben Gourion avant d’ajouter :
« C’est normal nous avons pris leur pays… Pourquoi devrait-il accepter
cela ? »
Depuis 1897, Theodor Herzl, journaliste
et écrivain austro-hongrois, prône la création d’un état juif en réponse à tous
les pogroms qui éclatent depuis plus de dix ans dans les pays de l’est européen
et en Russie.
La Palestine, sous mandat britannique,
verra débarquer un certain contingent de ces Juifs qui ont fui l’Europe.
Un autre contingent arrivera dans les
années 30 pendant la montée du nazisme en Allemagne et dans les pays fascistes.
Les Britanniques empêcheront, dès lors, les Juifs d’atteindre la Palestine.
Mais après la guerre et la découverte
de la Shoah, l’Organisation des Nations Unies sera bien obligée d’avaliser la
déclaration de la « Création de l’État d’Israël » de David Ben
Gourion qui ne se fera jamais d’illusion sur la possibilité d’un accord avec
les Palestiniens comme le souligne sa déclaration déjà cité.
On peut considérer (et c’est ce qui
apparaît tout au long des déclarations des témoins qui défilent tout au long de
ce passionnant documentaire) que la vraie problématique du « conflit
israélo-palestinien », c’est, en toute simplicité, le remplacement d’un
peuple par un autre.
Et pour en arriver là, le gouvernement
israélien actuel plonge très volontairement le pays dans une situation
d’apartheid. Il suffit de regarder la fameuse série des quatre cartes de la
Palestine (avant la création d’Israël, à la création d’Israël, après la guerre
des six jours en 1967 et aujourd’hui) pour s’apercevoir que l’éradication pure
et simple du peuple palestinien est, en fait, le but recherché.
Si on regarde bien ces quatre cartes,
seules les deux premières sont légales au regard de l’O.N.U. qui a voté le 22
novembre 1967 la résolution 242 à la suite de la guerre des six jours,
résolution qui exige, entre autres, le « retrait des forces armées
israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ».
Mais les États-Unis ont toujours opposé
leur véto à une résolution qui serait tentée d’aller plus loin et ce n’est pas
aujourd’hui (je veux dire, avec l’actuel locataire détraqué de la Maison
Blanche) que ça va s’arranger.
Bien entendu, cet excellent film est
très ouvertement propalestinien ce que les bonnes âmes afficionados du
politiquement correct désapprouve, la bouche en cul de poule. Mais comme il est
dit dans le film, les fans de Bachar El Hassad ne sont jamais invité comme
contradicteur de leurs opposants. Pourquoi s’encombrer, dès lors, de l’avis des
« oppresseurs » ? Il y a, du reste pas mal de Juifs dans les
interviewés et ils sont tous membres de « l’Union Juive pour la
Paix », organisation juive née en 1994 et farouchement opposée à
l’occupation des territoires palestiniens dont le but est « une
expression juive sur les conditions d’une paix juste au Proche-Orient ».
Et ce film nous rappelle avec force
que, une fois de plus, un jeu d’alliances mal maîtrisé que ses artisans
continuent à faire passer pour de la « réalpolitique », aboutit à une
crise amorale sans fin dont le prix finira par être exorbitant pour les
artisans en question.
Mais en attendant, ce sont les
Palestiniens qui paient une facture qu’ils n’ont pas à payer, ces Palestiniens
pour qui « Vivre, c’est déjà résister ! »