jeudi 20 avril 2023

Carré 35

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Carré 35 (2017) d’Éric Caravaca

Eric Caravaca a appris, alors qu’il était adulte, qu’il avait eu une sœur qui serait sa sœur aînée si elle n’était morte à l’âge de trois ans alors que lui-même et son frère cadet n’étaient pas encore nés. Or, de cette petite fille, ses parents n’ont rien gardé, pas même une photo.

Le réalisateur va donc interroger ses parents. Sa mère, un peu gênée, lui parle de cette petite fille, Christine, et prétend que l’enfant avait une maladie cardiaque incurable.

En fait, c’est son père qui lui dit la vérité : Christine était trisomique.

Elle est enterrée dans le cimetière européen de Casablanca, dans le « carré 35 ».

Le chômage, la ruine, la faillite, ça fait partie de ces catastrophes dont les victimes ont honte, comme si elles en étaient responsables, ce qui n’est le cas ni d’une guerre, ni d’un tremblement de terre, ni même d’un accident de la route.

Avoir un enfant trisomique fait partie de ces « catastrophes » qui apporte « le déshonneur » en plus des calamités qui lui sont inhérentes.

Ici, la mère, très gênée, parle d’une affection cardiaque. Or, il se trouve que cette affection précise n’est qu’un effet secondaire de la trisomie.

A l’inverse, le père d’Éric Caravaca (et de Christine) parle bien d’une enfant trisomique.

Dans ce film, tout est sensible, tout est profond, tout est intelligent. Jusqu’au titre…

Le Carré 35, c’est, à priori tout ce qui reste de cette enfant dont l’existence a été niée par ses propres parents.

Plus tard, et toujours au Maroc, le réalisateur retrouvera quelques photos de la petite fille dans la maison qui était celle de ses parents à Casablanca.

Unanimement salué tant par la critique que par le public, ce film est l’une des (trop) rares bonnes surprises de cette fin d’année.

Et c’est le portrait touchant qu’un petit frère adulte fait de sa sœur aînée âgée de trois ans et qu’il ne connaîtra jamais.

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