Des hommes et des Dieux (2010) de Xavier Beauvois
Huit moines catholiques français vivent dans un monastère dans les montagnes algériennes. Le monastère est un dispensaire et les moines sont les amis des habitants des villages alentours.
Mais l’armée algérienne est nerveuse, car les menaces pèsent sur tous les étrangers qui sont harcelés par les islamistes.
De fait, une équipe d’ouvriers croates est assassinée par le G.I.A.
L’armée propose aux moines de les protéger ce que le supérieur refuse. Malgré le danger, les moines décident de rester.
Que n’a-t-on écrit (et dit) à propos de ce film de Xavier Beauvois ! Pour le coup, tout le monde s’est senti religieux, épris de spiritualité. Tout au moins, c’était devenu très « tendance » de se préoccuper des hommes de Dieu.
Certes, il ne viendrait à personne de remettre en cause l’abnégation des sept moines de Tibhirrine massacrés en Algérie en 1996 soit par le G.I.A. (Groupe Islamique Armé), soit par l’armée algérienne ; même si le G.I.A. a revendiqué l’enlèvement et le massacre des moines, la thèse de la culpabilité de l’armée algérienne est à l’origine d’une action judiciaire ouverte en France en 2003, mais qui a peu de chance d’aboutir sans le soutien du pouvoir Bouteflika qui ne tient visiblement pas à ce que la lumière soit faite.
Mais malgré une certaine retenue de Beauvois au début du film, on a droit, sur les 120 minutes que dure le film, à plus de la moitié en scènes de ce que j’appellerais des « curaillonneries », scènes de prières, cantiques, messes, toutes choses contre lesquelles l’athée intégriste que je suis s’insurge.
Lorsque Bresson dresse le portrait psychologique de Jeanne d’Arc, de sa foi chrétienne et de ses aspirations, il en fait quelque chose de passionnant (même pour moi !). Le film de Beauvois, dans ses meilleures scènes, est presque digne de cet illustre exemple, tout particulièrement dans ce fabuleux plan final enneigé et brumeux pour nous qui ne voyons rien que cette brume et ces silhouettes qui, par leur foi, semble savoir où elles vont. De même, on peut admirer la direction d’acteurs (tous fabuleux) en tête desquels, bien sûr, Lambert Wilson et Michael Lonsdale : ce dernier bénéficie du rôle le mieux écrit et le plus soigné.
En revanche, les (trop) nombreuses scènes de cérémonie (et le cérémonial catholique est assez ridiculement théâtral) sont assez longues pour nous faire décrocher de ce que le film peut avoir d’intéressant.
Le plus pénible, c’est cette épouvantable scène (ou cène), lourdement démonstrative, ou la lourdeur de l’illustration « leonardienne » de l’image est encore plombée par la lourdeur du Lac des cygnes de Tchaikovsky. Il s’en faut de peu que cette scène grotesque ne fiche toute l’ambition et toute la beauté du film par terre.
Il est un peu dommage que Xavier Beauvois soit passé si près d’un grand film. Peut-être est-ce un problème de « pose » ?
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