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Tales of Manhattan (Six destins) de Julien Duvivier (1942)
Un habit est livré à un acteur célèbre qui le portera le soir-même pour la première de sa pièce. La représentation à peine terminée, l’acteur se rend chez son ex-maîtresse qui a épousé un homme riche.
L’habit est ensuite « prêté sur gages » par le valet de l’acteur au valet d’un fêtard qui va se marier le soir-même. La fiancée trouve dans le véritable habit de son « promis » la lettre enflammée d’une femme. Pour désarmer le drame, le valet fait appel au meilleur ami du fêtard qui doit prétendre que la lettre lui était destinée. La fiancée qui avait toujours trouvé l’ami plutôt falot le regarde avec d’autres yeux.
L’habit se retrouve chez un fripier qui le vend à la femme d’un grand compositeur méconnu qui va diriger sa première œuvre grâce à l’intervention d’un grand chef d’orchestre. Mais l’habit est un peu juste pour le compositeur et lorsqu’il craque pendant le concert, c’est l’hilarité générale.
Le soir même de son triomphe, le compositeur fait cadeau de l’habit à une dame de charité qui le rapporte à la mission où elle travaille. Le pasteur de la mission offre cet habit à un clochard pour qu’il se rende à une réunion d’anciens de l’école huppée dont il fut un brillant élève. L’habit l’aide à faire illusion et à retrouver un peu de sa splendeur passée, mais son présent le rattrape.
C’est un gangster qui récupère l’habit dont il se sert pour commettre un braquage dans un cercle de jeux. Mais lors de sa fuite en avion, le gangster est contraint de jeter par-dessus bord l’habit qui a pris feu et les 50000 dollars qui sont dans ses poches par-dessus bord.
Un brave paysan noir voit cet habit tomber et sa femme décide que ce « don du ciel » doit servir à exaucer toutes les prières que les membres de la communauté ont adressé à Dieu. Sous la houlette du pasteur, l’argent sera redistribué à tous et l’habit deviendra un épouvantail à corbeaux.
Les films à sketches souffrent souvent d’un manque d’homogénéité due à des scénaristes et des réalisateurs multiples. C’est encore le cas ici, bien que le réalisateur soit unique puisque pas moins de 17 scénaristes se sont partagé les six sketches. Parmi eux, on trouve le fameux Ben Hecht et Ferenc Molnar, l’auteur de Liliom.
Le premier sketch est un invraisemblable mélo dans lequel Charles Boyer (re)fait (mal) son éternel numéro de séducteur français, alors que le deuxième est une comédie plutôt poussive que ne sauve pas l’excellente interprétation de Ginger Rogers et d’Henry Fonda, beaucoup plus à l’aise ici que dans la plupart des comédies qu’il tourna et qui, d’une façon générale, ne lui réussirent guère.
Le cinquième sketch n’en est pas un puisqu’il a l’inconsistance d’une simple transition. Quant au sixième, il reprend le thème d’Hallelujah de King Vidor, avec les mêmes défauts de représentation d’une communauté de paysans noirs.
Seuls les thèmes de « mélos flamboyants » des sketches 3 et 4 retiennent l’attention avec la prestation de l’immense Laughton en compositeur miséreux et celle du non moins immense Edward G. Robinson en ex- brillant étudiant déchu. Le concert au cours duquel, après la crise d’hilarité provoquée dans le public par la déchirure du frack du pianiste-compositeur, le grand chef d’orchestre retire son propre frack et dirige en bras de chemise en signe de solidarité avec ce « pauvre » génial, est sans contexte le clou du film. Mais les deux happy-ends de ces histoires en diminuent sensiblement l’impact.
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