dimanche 19 mars 2023

Les Opportunistes

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Il Capitale umano (Les Opportunistes) de Paolo Virzi (2013)

Après avoir travaillé toute la soirée comme serveur pour un dîner de gala, Fabrizio rentre chez lui à vélo.

Sur la route un véhicule 4 X 4 fait un embardé et envoie Fabrizio et son vélo dans le fossé.

Six mois plus tôt, Dino Ossola accompagne sa fille Serena chez son petit ami Massimiliano, fils du richissime Giovanni Bernaschi que Dino cherche à rencontrer pour lui donner son argent à investir.

Carla, la femme de Giovanni, s’ennuie et voudrait sauver un théâtre désaffecté promis à la destruction.

Serena, quant à elle, ne peut plus supporter Massimiliano et elle est amoureuse de Luca.

Et toutes ces personnes sont, de près ou de loin, lié à l’accident de Fabrizio.

Encore un gros problème de titre : le plus agaçant, c’est lorsqu’on donne à un film non anglophone un titre anglais. C’est ce qu’on fait de plus crétin. Ici, on échappe à « The Human Capital ».

Il y aussi le titre français très couillon et passe-partout que l’on a donné au film (Les Opportunistes) au lieu de simplement traduire le titre original (Le Capital humain), titre qui nous est donné (et expliqué) dans le dernier carton du film.

Mis à part son titre français idiot, le film est une excellente surprise.

Tout d’abord, il s’inscrit dans la liste des différentes versions de la même histoire vue de points de vue différents (et souvent divergents) dont le grand ancêtre fut l’incontournable Rashomon d’Akira Kurosawa.

Le film comporte quatre chapitres dont les trois premiers portent le nom de chacun des personnages principaux : Dino, Carla et Serena. Le quatrième reprend le titre original du film.

Dino est un personnage à la fois pitoyable et pas trop sympathique : en gros, c’est un con ! Pour aimer un personnage, on a besoin d’un minimum d’empathie : ici, ce n’est simplement pas possible. Il est l’image même de la « combinazione » à l’italienne telle que peut la voir un « italophobe » avec, en plus, le côté loser crétin. De ce point de vue, Fabrizio Bentivoglio en fait un petit peu trop sur ce personnage déjà très chargé au niveau du scénario : c’est à la fois un connard, un emmerdeur, un petit escroc et un rustre.

Il est étrange que dans ce film qui sait faire preuve d’une certaine élégance, le réalisateur ait chargé à ce point le personnage.

D’ailleurs, les hommes ne sont guère favorisés dans l’histoire que ce soit Giovanni, immonde capitaliste, Massimiliano, son fils, fils à papa chialeur sans autre charme que l’argent de papa ou Donato, petit metteur en scène baba grotesque qui a de sérieux problèmes de frustration sexuelle.

En revanche, les femmes sont mieux traitées.

Carla est présentée comme une bourgeoise désœuvrée qui ferait presque penser au personnage interprété par Silvana Mangano dans Théorème de Pasolini. Elle n’est certes pas présentée comme une héroïne, mais elle est quand même moins « chargée » que son mari Giovanni, son amant d’un soir, Donato, et surtout le pauvre Dino.

Serena est le personnage central de l’histoire, le seul personnage positif, bien qu’on puisse penser pendant les trois quarts du film qu’elle est la responsable de l’accident. Et même si on n’en est pas sûr, on sait, au moins, qu’elle est la seule à connaître la vérité.

Le scénario est remarquablement écrit et le film est mis en scène avec une maestria assez bluffante.

Quant au casting, il est parfait, si on excepte les excès déjà mentionnés de Fabrizio Bentivoglio. Les deux Valeria (Bruni-Tedeschi et Golino) sont parfaites, de même que Fabrizio Gifuni, Luigi Lo Cascio, Giovanni Anzaldo et Gugielmo Pinelli dans le rôle difficile du lamentable Massimiliano.

Mais la vraie révélation, c’est Matilde Gioli, la ténébreuse Serena dont la vie va basculer à cause de l’accident.

Dernière remarque concernant le sujet : en assez peu de temps (moins d’un mois), il m’a été donné de voir trois films (dont deux italiens) traitant, et dans les mêmes termes du même sujet : le sauvetage in-extremis d’un fils à papa qui a tué quelqu’un, accidentellement dans deux des films et volontairement dans le troisième.

Il s’agit de celui-ci, Les Opportunistes, de Nos enfants d’Ivano de Matteo et des Nouveaux sauvages, comédie à sketches argentine de Damián Szifron.

 

 

 

 

 

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