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Cape Fear (Les Nerfs à vif) de Martin Scorsese (1991)
L’avocat Sam Browder a (mal) assuré la défense de Max Cady : il a caché un rapport défavorable à la victime de Cady, une prostituée violentée.
Max Cady sort de prison : c’est un sadique (c’est pourquoi Sam l’a volontairement mal défendu) et il ne pense qu’à se venger.
Il commence par faire en sorte de se trouver partout en même temps que Sam qui ne se souvient pas de lui. Max se fait alors connaître.
Sam a peur pour sa famille, sa femme Leigh et sa fille Danny. Mais Max s’attaque à une jeune femme qui a une liaison platonique avec Sam.
La jeune femme refuse de déposer contre son agresseur : travaillant aux greffes du tribunal, elle sait ce qu’elle aura à subir au cours des interrogatoires.
Et Max avait prévu sa réaction.
Si la première version de Cape Fear avait les défauts de Jack Lee Thompson (manichéisme confinant au fascisme sécuritaire, principalement), on peut dire que celle-ci a les défauts de Scorsese.
Le tape-à-l’œil, le clinquant, l’effet de mise en scène gratuit et roublard le disputent à certaines maladresses, de montage entre autres, et dans les interventions musicales principalement. Si on ajoute à cela le cabotinage éhonté et à la longue crispant de De Niro qui culmine dans la grand-guignolesque et ridicule scène finale, on peut préférer l’interprétation plus nuancée de Mitchum dans la première version.
Toutefois, Nick Nolte s’en tire plutôt mieux que Gregory Peck et le rôle de la femme de Bowden, insignifiant chez Thompson, s’est ici étoffé, vedettariat de Jessica Lange oblige.
On a beaucoup critiqué ce remake d’un film que d’aucuns se plaisent à présenter comme un chef d’œuvre du film noir, ce qui est largement exagéré. Ce film-ci est idéologiquement moins « désagréable » que la chose douteuse de 1962. Bowden n’est plus la pauvre victime d’un monstre « qui ne mérite que la mort » (ce n’est pas dit clairement, mais c’est pensé tellement fort… !), c’est un avocat qui paie une faute grave, une lâcheté, une forfaiture. Et Max sera juste l’instrument du châtiment. C’est pourquoi l’interprétation de De Niro eut gagné en discrétion et en retenue.
Quant aux clins d’yeux à la première version, ils ne sont qu’anecdotiques et vaguement amusants puisque le monstre Max (Robert Mitchum) devient le policier qui aide Bowden, alors que sa victime Bowden (Gregory Peck) est ici l’avocat de Max. Martin Balsam, le flic de la première version (Mitchum, ici) devient, lui, le juge qui donne raison à Max.
Au bout du compte, tout ce qui reste dans cette version comme dans l’autre, c’est la fascinante et prodigieuse musique de Bernard Herrmann, pas toujours très bien utilisée dans les deux cas.
Autre bon point chez Scorsese, l’utilisation, sur cette musique, d’un générique de l’immense Saül Bass.
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