mardi 14 mars 2023

Préparez vos mouchoirs

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Préparez vos mouchoirs (1978) de Bertrand Blier


Raoul aime sa femme Solange, mais depuis quelques temps, elle l’inquiète : elle n’a plus goût à rien, elle ne mange plus, elle ne dort plus et surtout, elle ne rit plus.

Dans une brasserie, il remarque un inconnu qui semble très intéressé par Solange : Raoul lui offre sa femme pour qu’il la rende heureuse.

Mais l’inconnu, Stéphane, ne réussit pas plus que Raoul. Ils ont beau se relayer, Solange est toujours aussi amorphe.

Sur les conseils d’un voisin, ils partent en vacances.

Après le coup de tonnerre des Valseuses, Bertrand Blier avait réalisé une pochade que d’aucuns avaient trouvée d’un goût douteux et que les associations féminines avaient vouée aux gémonies, Calmos.

Avec Préparez vos mouchoirs, on a voulu penser qu’il persistait et signait sous le prétexte idiot qu’il donnait une image dégradante de la femme.

Vingt ans après, le film peut être réévalué. On y trouve déjà ce qui fera la force de Blier : des dialogues incisifs et dérangeants, des situations bourgeoisement qualifiées de « scabreuses » et, dans ce film particulièrement, deux personnages, sur les trois principaux, particulièrement cons : si l’on faisait une anthologie de la connerie à l’écran, la scène de Raoul et Stéphane écoutant Mozart et se faisant mutuellement part de ce que cette musique leur inspire, figurerait en bonne place.

Mais comme toujours chez Blier, c’est une connerie gentille, attendrissante. Aucun personnage n’est veule ou méprisable.

Ce film-ci ne fait pas encore partie de la « grande » époque de Blier, celle qui va de Buffet froid à Mon homme, en passant par Tenue de soirée, Trop belle pour toi, Un, deux, trois, soleil ou Merci la vie, dans laquelle il tournera le dos à une narration linéaire, encore très présente ici.

Et ce que l’on admire chez lui, c’est justement ces cassures où les personnages échangent leurs… personnalités au long d’histoire où le réalisateur traîne un public, naturellement paresseux et le force à le suivre.

A ce niveau-là, Préparez vos mouchoirs n’est pas une œuvre de maturité, mais on y sent tout de même certains dérapages qui annoncent justement ses futures « narrations brisées ». C’est ce qui le rend intéressant.

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