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Et il y eut un matin (2021) d’Eran Kolirin
Sami, Mira et leur fils Adam vivent à Jérusalem.
Ils se rendent dans le village natal cisjordanien de Sami pour assister au mariage de son frère Aziz.
Mais durant la nuit, le village est encerclé par les soldats israéliens et Sami et sa famille ne peuvent plus retourner en Israël.
Comme il n’y a pas de réseau, Sami ne peut même pas prévenir son patron.
En fait, les Israéliens cherchent des Palestiniens clandestins et ils sont aidés en cela par l’équipe municipale dont le beau-frère de Sami fait partie.
Ce qu’il y a de plus intéressant dans les films qui se situent en Cisjordanie (ou à Gaza), c’est la vie quotidienne des Palestiniens.
Dans certains film, ça ne va pas sans un certain ennui, comme dans le très bon Wajib.
La grande finesse de ce film-ci, c’est de nous faire ressentir la profonde implication du contexte politique dans la vie des Cisjordaniens que ce soit dans les détails de la vie de tous les jours ou dans les relations entre intimes, y compris et surtout, dans les relations de couple.
Comme dans tous les ghettos, les combinards, les truands, les voyous en tout genre tiennent le haut du pavé, souvent avec la bénédiction et l’appui des occupants.
Et comme dans tous les films situés dans les territoires palestiniens, la présence d’Israël sans être matérialisé est toujours effective en mode plus ou moins fantomatique : ici, il n’a qu’un jeune soldat, champion d’échecs et guère motivé dans la chose militaire qu’on voit tuer, très probablement pour la première fois, un civil palestinien.
Mais dans la production proprement dite du film, il n’y a que la France et Israël. Et le réalisateur est Eran Kolirin, réalisateur israélien qui fut l’heureux auteur de la très fêtée Visite de la fanfare, primée à Cannes en 2007 (coup de cœur du jury « Un certain regard », Prix de la Critique internationale et prix de la jeunesse).
Une mise en scène rigoureuse et un impeccable casting font de Et il y eut un matin un film remarquable qui nous conte l’histoire de l’impossible « standardisation » des Palestiniens « assimilés » (aux Israéliens) qui seront toujours au regard de leurs « colonisateurs » des citoyens de seconde zone qui ne pourront jamais rebâtir leur foyer, comme le père de Sami ne pourra sans doute jamais terminer la maison où il rêvait de faire vivre toute sa famille.
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