mardi 15 août 2023

La Vie privée de Sherlock Holmes

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The Private Life of Sherlock Holmes (La Vie privée de Sherlock Holmes)

de Billy Wilder (1970)

Alors que Watson se pose de sérieuses questions quant aux mœurs de son célèbre ami, Sherlock Holmes est confronté à une affaire a priori banale : retrouver un ingénieur, Emile Valladon, pour le compte de son épouse Gabrielle. Mais l’affaire se complique lorsque Mycroft Holmes, le frère de Sherlock, vient y mêler une affaire d’état et surtout, lorsque Sherlock y mêle, lui, une affaire sentimentale en tombant amoureux de sa ravissante cliente... au risque d’y laisser sa réputation de plus grand détective du monde, ce qui explique pourquoi cette histoire fait partie des « archives secrètes » de Watson...

La fascination qu’exerce le héros de Conan Doyle sur le public ne s’est jamais démentie. Du coup, on l’a vu se colleter avec tous les mythes de son temps : Jack l’Eventreur (plusieurs fois), Dracula...

Cette fois-ci, il se heurte au monstre du Loch Ness, mais la vraie confrontation du film, c’est Holmes contre le charme d’une femme, alors qu’on sait très bien que la misogynie du grand détective est aussi célèbre que son héroïne, son violon ou sa pipe, attributs qu’on nous rappelle pendant le générique.

Le film est brillant, sans doute l’un des plus fins de Wilder. Le générique est prestigieux : décors de Trauner, image de Challis, musique de Rosza, costumes de Julie Harris, jusqu’au générique lui-même de Maurice Binder.

Mais, bien sur, le film est un pastiche : Watson, très fier, explique qu’Holmes a résolu la dernière affaire en mesurant l’enlisement du persil dans du beurre, Holmes fait l’analyse de marque de cigares en fonction de leurs cendres grâce à une machine « fumeuse » et mesure le temps passé à l’épaisseur de la poussière sur son bureau.

Et le dialogue particulièrement brillant nous présente un Sherlock Holmes assez niais, parce qu’amoureux, flanqué d’un Watson plus bête que nature. Mycroft Holmes est borné, mais le monument de bêtise du film n’est rien de moins que la reine Victoria, sorte de naine gâteuse qui refuse qu’on se serve de l’invention (un sous-marin très performant pour l’époque) à des fins militaires, et qui, mise au courant de l’espionnage des Allemands, décide « d’envoyer une note à son neveu le Kaiser pour le tancer avec la dernière vigueur !»

Car, au-delà du comique, le film ébauche une réflexion sur cette époque charnière de l’entrée dans le XXème siècle qui verra tomber tous les principes qui restaient en vigueur d’une sorte de code de chevalerie.

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