Celle que vous croyez (2018) de Safy Nebbou
Claire, la cinquantaine, est divorcée. Elle a deux fils dont elle partage la garde avec son ex-mari. Le reste du temps elle vie avec Ludo.
Mais Ludo la quitte.
Claire se créé alors un profil sur les réseaux sociaux et, pour pouvoir surveiller Ludo, elle devient Clara, une jeune femme de 24 ans qui va séduire Alex, le meilleur ami et co-locataire de Ludo.
Mais, très rapidement, Claire/Clara tombe amoureuse d’Alex.
Parallèlement, elle suit une thérapie avec le docteur Boormans.
N’étant moi-même sur aucun « réseau social »[1], j’avoue ne pas trop comprendre l’addiction de mes contemporains. Intellectuellement, je le comprends, mais je ne peux surtout pas ressentir de l’empathie pour ceux qui ne peuvent pas rester plus de 10 secondes sans regarder leurs écrans.
Après avoir jouer les intellos germanopratines « qui ne [peuvent] pas lire un livre sur tablette ! » dans l’exécrable Doubles vies d’Olivier Assayas, Juliette Binoche joue les « cougars précoces » sur « la toile ».
Parallèlement, elle est en psychanalyse et c’est le meilleur du film, grâce à Nicole Garcia qui joue une psychothérapeute au bord de la rupture avec son éthique en instaurant entre elle et sa patiente une empathie dont on peut se demander si elle n’est pas feinte, ce qui, rétrospectivement, semble une méthode diaboliquement et terriblement efficace. Je suppose que c’est une méthode éprouvée en thérapie et Nicole Garcia y est grandiose.
Mais ce qui gêne ici, c’est le fond de l’histoire. Toute cette ambiguïté qui eut pu être très fine se fait au service d’une histoire qui oscille entre un Cyrano de Bergerac au féminin et inversé et un roman-photo.
Encore une fois, c’est la psychanalyse qui « sauve » le film lorsqu’on apprend qui est « réellement » « l’avatar » que Claire s’est choisie, choix qui semble dû au hasard, mais qui, naturellement, ne l’est pas, ce que le psychanalyste a beaucoup de mal à « arracher » à sa patiente.
Tel qu’il est, cependant, le film semble plus s’attacher, et c’est dommage, à cette histoire d’amour bancal allant jusqu’à presque gommer ce que la psychanalyse lui apporte et jusqu’à inventer trois fins alternatives : deux fins inventées (un mensonge et une fiction dans laquelle l’héroïne change de couleur de cheveux) et la fin qu’on suppose réelle. Mais l’est-elle vraiment ?
Mais l’épilogue (et, ça, c’est une réussite !) nous renvoie à l’addiction. C’est remarquablement fait et ça réhausse le tout.
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