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Suspicion (Soupçons) d’Alfred Hitchcock (1941)
Lina Mac Kinlaw rencontre John Aysgarth dans un train. Elle est une riche héritière, lui, un playboy sans le sou. Les parents de Lina, très sceptiques sur le charme de leur progéniture, sont persuadés qu’elle restera vieille fille. Par défi, puis par amour, elle épouse John.
Pour faire plaisir à sa femme, John trouve du travail chez un vague cousin, mais Lina ne tarde pas à découvrir qu’il a été mis dehors parce qu’il puisait dans la caisse.
Ensuite, John se lance dans un grand projet immobilier avec des capitaux de son ami Beaky. Mais il se lasse du projet et Beaky part pour Paris annuler les emprunts qu’il devait contracter pour l’affaire.
Lorsque Lina apprend la mort « accidentelle » de Beaky, elle soupçonne immédiatement son mari.
Il est assez surprenant, à priori, de voir traiter le « soupçon » (dans le sens français du terme), quelque chose qui vient doucement, par petites doses jusqu’à vous envahir avec une grosse artillerie qui en « remet » pour le spectateur distrait qui aurait le malheur de ne pas prendre le personnage d’Aysgarth pour un ignoble gigolo, visiblement assassin et probablement sociopathe.
Parfaitement content de lui, comme d’habitude, le « maître » met bien en évidence la fausse bonne idée qui consiste à prendre un grand comédien très populaire dans les rôles « positifs » pour incarner une créature machiavélique, face à une petite chose fragile sans défense, mais non sans discernement dont la clairvoyance la mène tout droit à la paranoïa pathologique.
Pour incarner cette dernière, Hitchcock choisit l’éternelle laissée pour compte, la jeune fille « immariable » de Rebecca, Joan Fontaine. Elle sera le même genre de personnage cinq ans après ce film-ci, mais dans un authentique chef d’œuvre, cette fois, Lettre d’une inconnue d’Ophuls.
Pour le rôle du séducteur ambigu, Sir Alfred s’impose le défi de choisir l’acteur positif le plus lisse d’Hollywood, Cary Grant. Mais, n’en déplaise aux thuriféraires de sir Alfred, le résultat est plus qu’improbable, sans que le talent de Grant soit remis en cause le moins du monde, pas plus, d’ailleurs que celui de Fontaine.
La fin du film ayant été imposée à Hitchcock, tout le scénario s’écroule comme un château de cartes. Et on peut légitimement s’interroger sur l’intérêt qu’un réalisateur peut porter à un suspense policier dont le dénouement est incertain, si ce n’est une certaine propension à étaler avec suffisance des trucs qui, à l’analyse, se révèlent pour le moins lassants.
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