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Swallow (2019) de Carlo Mirabella-David
Hunter mène une vie parfaite auprès de son mari.
Richie est un fils à papa. Son père vient de lui offrir la présidence de sa société et une très belle maison où il vit avec Hunter.
Mais lorsqu’Hunter se retrouve enceinte, elle s’aperçoit qu’elle est passée du statut de bel objet décoratif à celui de ventre qui abrite l’héritier.
Hunter commence alors à avaler des objets : bille, pointe, etc…
La marque d’un talent cinématographique, c’est d’installer une ambiance et, tout particulièrement, d’installer un malaise.
Ici, le malaise est immédiatement perceptible. Hunter est mariée à un fils à papa du type « Trump », c’est-à-dire petit connard, très probablement incompétent, mais bien entouré, car ce genre de petit déchet est toujours bien entouré : ils savent toujours louer les services de cerveaux, de porte-flingue, de femmes de ménage, de mains, de bras et… d’utérus !
Car, bien évidemment, les déchets, fils de déchets, doivent eux-mêmes, engendrer d’autres déchets : c’est du népotisme à l’Américaine !
Pour le personnage d’Hunter, le réalisateur s’est, paraît-il, inspiré de sa grand-mère. Le « pica » dont souffre l’héroïne est une tentative de reprise en main de sa vie dont elle sent qu’elle n’appartient plus qu’à son mari et à son beau-père.
Sa belle-mère, apparemment bienveillante, essaie, en faisant mine de la comprendre et de la soutenir, de la faire « rentrer dans le rang », d’accepter son sort inéluctable de femme soumise, très exactement comme sont soumises les « femmes de salafistes », c’est-à-dire des femelles qu’on engrosse (avant de mourir) et qui vêleront leur chair à canon quelques mois plus tard.
Mirabella-Davis se réclame de Douglas Sirk et d’Alfred Hitchcock. On pense aussi à l’héroïne de Rosemary’s Baby qui, elle aussi, se sentant oppressée par sa « famille » et se confie à un médecin qui… est au service de la famille. Hunter raconte « son secret » à une « psychanalyste » qui répète tout à ceux qui paient, la belle famille. Hunter aura plus de chance que Rosemary, elle s’échappera.
Sans effet de manche, sans pathos, sans surlignage, le film est remarquable et intelligent, disons remarquable par son intelligence pour un film américain.
Austin Stowell joue le fils à papa « concon » avec beaucoup de finesse, Elizabeth Marvel est la « fausse gentille » belle-mère et David Rasche est le beau-père, patriarche autocrate. Laith Nakli joue Luay, un Syrien énigmatique qui sert à la fois de geôlier et de témoin et il est lui aussi excellent.
Haley Bennett est la révélation du film dans le rôle d’Hunter.
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