jeudi 30 avril 2020

Dark Places


Dark Places (2013) de Gilles Paquet-Brenner
A l’âge de huit ans, Lily Day a vu assassiner sa mère et ses deux sœurs : la police lui a demandé si l’assassin est son frère Ben et elle a dit oui.
Trente ans plus tard, elle est toujours persuadée de la culpabilité de Ben. Entretemps, elle a vécu de dons divers en raison de la « tragédie qu’elle a vécue ». Mais d’autres « tragédies » ont supplanté la sienne. Et les dons ont diminué jusqu’à disparaître.
Libby Day est sans le sou, n’a jamais travaillé et ne sait rien faire.
Du coup, elle accepte la proposition d’une association persuadée de l’innocence de son frère : elle doit se replonger dans ses souvenirs et revoir tout ce qui s’est passé cette nuit-là.

Toute la publicité du film était basée sur le nom de Gillian Flynn, auteur du roman homonyme à la base du scénario, mais, surtout, auteure de Gone Girl, roman dont l’adaptation cinématographique par David Fincher fut un triomphe planétaire l’année dernière.
Malheureusement, on est bien loin du style captivant et efficace à l’Américaine. Ici, il y a tout le côté plan-plan français avec des données psychologiques un peu bête et un suspense en charentaises.
La distribution va de la (ici) banale Charlize Theron à la grotesque Chloe Grace Moritz qu’on voit heureusement fort peu, comme on voit fort peu (mais là, c’est dommage !) la superbe Drea de Matteo.

Un roi à New York


UN ROI A NEW YORK - COLLECTOR - CHAPLIN CHARLES - POTEMKINE ...
A King in New-York (Un roi à New York) de Charles Chaplin (1956)

Le roi Shadow, détrôné à la suite d’une révolution, se retrouve en exil à New York et sans un sou, puisque son premier ministre est parti avec les caisses de l’état.
L’ex-souverain est donc contraint à des choses qu’il juge « dégradantes » comme participer à des publicités.
Dans un orphelinat, il fait la connaissance d’un jeune garçon très intelligent dont les parents viennent d’être mis en accusation par la sinistrement célèbre commission des activités anti-américaines.
La plus grande catastrophe qu’ait connu Chaplin dans toute sa carrière, c’est l’arrivée du cinéma sonore. On sait à quel point il traîna des pieds avant de se coller au parlant et si Les Temps modernes est l’un des (ou le) plus grands films de Chaplin, c’est tout de même un film muet où le son est utilisé avec une ironie assez désabusée (cf les paroles incompréhensibles de Titine et les « gargouillis » d’estomac de Charlie Chaplin et d’une dame patronnesse).
En revanche, il semble évident qu’il n’a jamais réussi un film « vraiment » parlant, sauf peut-être Monsieur Verdoux, puisque les grandes scènes du Dictateur sont muettes ou tournées comme muettes. Ce Roi à New York, malgré ses bons sentiments, ainsi que La Comtesse de Hong Kong sont des ratages complets. Iconoclaste jusqu’au bout, j’inclus Limelight, ce mélo boursouflé, dans les flops en question.
Un roi à New York est donc un film raté. Bavard, peu maîtrisé au niveau de la mise en scène (très lourde), du scénario (des scènes intéressantes sont éclipsées au profit de scènes qui n’apportent rien) et de la direction d’acteur : le jeune Michael Chaplin parle complètement faux et dans la scène (interminable !) où il coupe sans arrêt la parole au « roi », on les voit tous les deux subvocaliser chacun les dialogues de l’autre.
Enfin, alors que Chaplin savait qu’Un roi à New York ne sortirait pas aux Etats-Unis et aurait donc pu tout se le permettre, le film semble excessivement timide dans sa dénonciation du maccarthysme, une sorte de « politiquement correct » avant la lettre.