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Feelm sitta seba' thamaniyya (678 -فيلم -٦٧٨) (Les Femmes du bus 678) de Mohamed Diab (2011)
Fayza est assistante sociale et vit dans un
quartier populaire du Caire. Elle se ruine (et ruine son ménage) en taxi, car
elle craint la promiscuité dont les hommes profitent dans les bus.
Seba
ne fait pas partie de la même couche de la société. Elle est l’épouse d’un
jeune et brillant médecin, amateur de football. Et c’est à l’issue d’un match
que Seba se fait violer.
Nelly
voudrait être une star du Stand up, comme son fiancé Abdel. C’est en rentrant
chez ses parents qu’elle se fait happer par une voiture dont le chauffeur
l’agresse sexuellement.
Seba
va fonder une association pour venir en aide aux femmes harcelées et elle donne
à son mouvement tout le retentissement médiatique possible.
Nelly
veut dénoncer ce harcèlement sur scène.
Fayza, femme
modeste qui n’a aucun moyen de protestation, va être beaucoup plus expéditive
et plus… radicale !
La mésaventure m’est arrivée au Caire. J’étais dans le
métro avec ma sœur (qui est une dame d’un certain âge) et je me suis aperçu au
bout d’un moment que j’étais le seul homme dans le wagon.
Ma nièce, qui vit au Caire, m’a
expliqué le soir, que j’étais inopinément monté dans un wagon réservé aux
femmes voyageant seules. Sur le coup, j’ai trouvé choquant cette éternelle
ségrégation hommes-femmes des pays musulmans. En réalité, cette séparation a
été demandée par les femmes elles-mêmes.
Car si la religion a bien à voir avec
cette histoire, c’est indirectement.
Et c’est ce que nous explique Seba. Avant
l’islamisation à outrance, les femmes du Caire portaient des robes courtes et
montraient leurs cheveux : elles n’étaient pas plus agressées que dans les
pays non musulmans. C’est le carcan islamique qui, par son mépris insidieux de
la gente féminine, a fait des hommes de ce pays des violeurs en puissance.
Visiblement, dans les autobus (il semble
assez difficiles de faire des bus réservées aux femmes qui voyagent
seules !), le « frotti-frotta » est un sport national puisqu’il
y a même des techniques (la « technique du citron vert » nous est
bien expliquée) qui permettent à « ces messieurs » de tripoter les
dames sans danger de se faire prendre.
Mais si, par « malheur », le
« brave » homme se fait prendre tout de même, il crie au complot et
au fait que la « putain l’a excité ».
Seul, le très charismatique (et très
drôle !) commissaire Essam, flic très atypique se range définitivement du
côté des femmes, ce qui ne lui est guère facile, puisqu’il est censé enquêter
sur les « agressions » dont plusieurs « honorables
citoyens » (honorables, mais aux mains baladeuses) ont été
« victimes ». L’excellent Magel El Kadwani apporte sa rondeur, sa
jovialité et son talent dans le rôle de ce flic qui attire immédiatement une
sympathie qu’on ressent rarement pour la profession (on pense au héros de Dans ses yeux incarné par Riccardo Darin dans le film de Campanella).
Quant aux trois femmes, Nahed El Sebaï
(Nelly), Nelly Karim (Seba) et la chanteuse populaire Bushra
Rozza (Fayza), elles sont, à talent égal, le reflet des trois femmes des
Femmes du Caire de Yousry Nasralla.
Sans être aussi élaboré que celui de ce
dernier film, le scénario des Femmes du
bus 678 est habilement construit et démonstratif sans excès (contrairement
à ce qu’on put prétendre certains critiques parisiens). Il peut lui arriver,
cependant, de ne pas très bien maîtriser les flashes-back et cette maladresse
le rend, par moments, un peu confus.
Mais la réalisation est impeccable,
sans tape-à-l’œil et les interprètes sont tous excellents.
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