lundi 27 avril 2020

678


 Les Femmes du bus 678 - film de Mohamed Diab - Artistikrezo****

Feelm sitta seba' thamaniyya (678 -فيلم  -٦٧٨) (Les Femmes du bus 678) de Mohamed Diab (2011)
 Fayza est assistante sociale et vit dans un quartier populaire du Caire. Elle se ruine (et ruine son ménage) en taxi, car elle craint la promiscuité dont les hommes profitent dans les bus.
Seba ne fait pas partie de la même couche de la société. Elle est l’épouse d’un jeune et brillant médecin, amateur de football. Et c’est à l’issue d’un match que Seba se fait violer.
Nelly voudrait être une star du Stand up, comme son fiancé Abdel. C’est en rentrant chez ses parents qu’elle se fait happer par une voiture dont le chauffeur l’agresse sexuellement.
Seba va fonder une association pour venir en aide aux femmes harcelées et elle donne à son mouvement tout le retentissement médiatique possible.
Nelly veut dénoncer ce harcèlement sur scène.
Fayza, femme modeste qui n’a aucun moyen de protestation, va être beaucoup plus expéditive et plus… radicale !
La mésaventure m’est arrivée au Caire. J’étais dans le métro avec ma sœur (qui est une dame d’un certain âge) et je me suis aperçu au bout d’un moment que j’étais le seul homme dans le wagon.
Ma nièce, qui vit au Caire, m’a expliqué le soir, que j’étais inopinément monté dans un wagon réservé aux femmes voyageant seules. Sur le coup, j’ai trouvé choquant cette éternelle ségrégation hommes-femmes des pays musulmans. En réalité, cette séparation a été demandée par les femmes elles-mêmes.
Car si la religion a bien à voir avec cette histoire, c’est indirectement.
Et c’est ce que nous explique Seba. Avant l’islamisation à outrance, les femmes du Caire portaient des robes courtes et montraient leurs cheveux : elles n’étaient pas plus agressées que dans les pays non musulmans. C’est le carcan islamique qui, par son mépris insidieux de la gente féminine, a fait des hommes de ce pays des violeurs en puissance.
Visiblement, dans les autobus (il semble assez difficiles de faire des bus réservées aux femmes qui voyagent seules !), le « frotti-frotta » est un sport national puisqu’il y a même des techniques (la « technique du citron vert » nous est bien expliquée) qui permettent à « ces messieurs » de tripoter les dames sans danger de se faire prendre.
Mais si, par « malheur », le « brave » homme se fait prendre tout de même, il crie au complot et au fait que la « putain l’a excité ».
Seul, le très charismatique (et très drôle !) commissaire Essam, flic très atypique se range définitivement du côté des femmes, ce qui ne lui est guère facile, puisqu’il est censé enquêter sur les « agressions » dont plusieurs « honorables citoyens » (honorables, mais aux mains baladeuses) ont été « victimes ». L’excellent Magel El Kadwani apporte sa rondeur, sa jovialité et son talent dans le rôle de ce flic qui attire immédiatement une sympathie qu’on ressent rarement pour la profession (on pense au héros de Dans ses yeux incarné par Riccardo Darin dans le film de Campanella).
Quant aux trois femmes, Nahed El Sebaï (Nelly), Nelly Karim (Seba) et la chanteuse populaire Bushra Rozza (Fayza), elles sont, à talent égal, le reflet des trois femmes des Femmes du Caire de Yousry Nasralla.
Sans être aussi élaboré que celui de ce dernier film, le scénario des Femmes du bus 678 est habilement construit et démonstratif sans excès (contrairement à ce qu’on put prétendre certains critiques parisiens). Il peut lui arriver, cependant, de ne pas très bien maîtriser les flashes-back et cette maladresse le rend, par moments, un peu confus.
Mais la réalisation est impeccable, sans tape-à-l’œil et les interprètes sont tous excellents.

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