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Mélodie en sous-sol (1962) d’Henri Verneuil
Charles sort de prison. Il y
a passé cinq ans et n’est plus tout jeune. Il aspire à la retraite, mais pas la
retraite médiocre et « pépère » que lui conseille sa compagne
Ginette. Il veut une vie de milliardaire en Australie.
Mais
pour cela, il lui faut se remettre en selle une dernière fois.
Le
dernier coup, il le doit à Mario, un vieux compagnon de route. Mais Mario est
trop vieux et malade et Charles est bien obligé de se trouver un nouveau
complice : son choix se porte sur un jeune ex-compagnon de cellule,
Francis.
Le casse, c’est le contenu
du coffre du Palm Beach, à Cannes.
C’est la première rencontre
Delon-Gabin, Gabin « avec sa démarche de moissonneuse-batteuse »,
comme disait Jean Poiret dans La Cage aux folles, et Delon avec « sa jolie petite
gueule ». Malheureusement, la « jolie petite gueule » prête
plutôt à rire. Et il faut bien reconnaître que de la moissonneuse-batteuse, Gabin
n’a pas que la démarche, il a aussi le regard.
Maurice
Biraud fait son numéro habituel de cave. Et on revoit avec émotion une Viviane
Romance à peine vieillie, dans une séquence trop courte.
Le scénario
est, à lui seul, une accumulation des pires poncifs qu’on puisse trouver dans
ce genre de production. Quant aux dialogues, ils font partie du tout venant
assez médiocre de l’œuvre d’Audiard qu’on a tendance à un peu trop glorifier
aujourd’hui après l’avoir excessivement vilipendé.
Le problème
va au-delà de ce petit film inintéressant, mal écrit et mal joué. Le polar n’est
pas qu’un genre assez typiquement américain, mais ce style de polar l’était et
c’est là qu’il se portait le mieux, dans une société hétérogène qui n’a, ou
plutôt qui n’avait, pas trop de préjugés sociaux. Ce qui n'était déjà pas le cas chez
nous.
Dans la
séquence pré-générique, Gabin, sortant de prison, écoute les commentaires des
« congés payés » sur leurs « vacances de prolos » et son
silence méprisant est aussi lourd que le mépris que leur porte le « célinien »
Audiard. D’ailleurs, un commentaire off lourdingue vient préciser ce que seuls
les distraits ou les crétins n’auraient pas compris.
Car Audiard,
Verneuil et les autres sont convaincus de pouvoir se permettre d’en remontrer
aux prolos et aux « demi-sels » : ils savent ce qui est chic et ce qui ne
l’est pas, ce qu’il faut faire et dire pour qu’un « hareng » passe
pour un « gentleman ». Par exemple, il est nettement spécifié par
Gabin qu’être mécontent de la salle de bains dans la chambre d’un hôtel 4 étoiles,
c’est très chic : je vous laisse apprécier le niveau !
A ces
quelques détails, on saisit l’inanité de l’entreprise qui, sous le prétexte
d’un film à suspense, au demeurant assez mou, prétend nous asséner des vérités
premières aussi bêtes que méchantes et où le snobisme argotier se prend pour
une nouvelle forme d’aristocratie, mais se laisse rapidement submerger par le
« Beurre Œufs Fromage ».
Le film est
surtout connu pour son dernier plan : c’est normal, c’est tout ce qui
n’est pas trop raté, si on fait abstraction, toutefois, de la soupe pianoteuse sous
rachmaninovienne de Michel Magne qui l’accompagne.
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